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NTIC

Accélérateur de croissance

Par - Publié en avril 2016
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Objectif des investissements consentis dans le déploiement de la fibre optique : le développement d’une véritable économie numérique.

«Avec l’arrivée de la fibre optique, nous avons enfin tout le nécessaire pour le déploiement très rapide de la 4G de Camtel. J’appelle tous les opérateurs à utiliser sans modération cette technologie que le gouvernement vient de mettre à notre disposition. » Ce 22 décembre 2015, David Nkoto Emane, le directeur général de Camtel, l’opérateur historique de téléphonie, ne cache pas son émotion. L’État vient de lui céder la gestion des nouvelles boucles optiques de Douala et Yaoundé, portant respectivement à 183 et à 210 kilomètres la longueur de la fibre déployée dans ces deux villes. Au total, le maillage réalisé sur le territoire par cette dorsale numérique qui couvre toutes les régions du pays atteint 10 000 kilomètres. « Ainsi dopé, notre réseau est à ce jour parmi les plus performants du continent » se réjouit M. Nkoto Emane.

Pourtant, ces investissements importants ne sont pas suffisamment exploités et leur impact sur l’activité reste en deçà des attentes des autorités. Ainsi en 2013, l’économie numérique a contribué au PIB à hauteur de 1,1 % seulement, contre près de 3,8 % au Kenya. Une défaillance à corriger absolument selon le président de la République qui, le 31 décembre dernier lors de son discours de vœux, estimait qu’« il nous faut rattraper au plus vite notre retard dans le développement de l’économie numérique. Celle-ci est un véritable accélérateur de croissance en plus d’être une niche d’emplois pour notre jeunesse ». Le 10 février, à l’occasion de la Fête de la jeunesse, Paul Biya mobilisait à nouveau sur le sujet : « Pour notre jeunesse, l’un des défis majeurs est de réussir l’arrimage à ce phénomène marquant qu’est l’économie numérique. J’invite toute la nation à se mobiliser, pour accompagner les nombreuses initiatives de nos jeunes dans ce domaine. Le gouvernement devra poursuivre avec méthode et efficacité la mise en place d’une infrastructure adéquate, mais aussi l’assainissement et la bonne régulation de ce secteur clé, dans l’intérêt de l’économie nationale et du développement de l’emploi jeune. »

DEVENIR PRODUCTEUR DE CONTENUS

Le Cameroun a fait le choix d’investir massivement dans les infrastructures essentielles, et dispose déjà d’un accès à trois câbles sous-marins à la fibre optique (le SAT3, le WACS et le Main One), qui lui offrent des capacités exceptionnelles en haut débit. « Lorsque les projets ACE et CBCS [câble reliant Kribi à la ville brésilienne de Fortaleza, NDLR] auront abouti, le Cameroun deviendra l’un des rares pays au monde à être connecté à cinq câbles sous-marins. De quoi prendre une sérieuse avance et devenir un véritable hub technologique régional », se réjouit Jean-Melvin Akam, secrétaire exécutif de la Fondation MTN, le leader local de la téléphonie mobile. Mais, souligne ce fin connaisseur du monde des TIC, pour tirer un plein avantage de tous ces investissements, le Cameroun doit être proactif en se donnant les moyens de développer des contenus compétitifs : « Nous ne devons pas seulement être des consommateurs, nous devons aussi nous positionner comme producteurs de contenus locaux adaptés à notre contexte et répondant à nos besoins. Cet objectif ne pourra pas être réalisé si nous ne développons pas un écosystème d’innovations. L’État devra mettre en place des politiques susceptibles de faciliter l’entrepreneuriat numérique », recommande-t-il.

D’ores et déjà, les administrations – impôts, ministère des Marchés publics ou Sécurité sociale – ont pris les devants pour dématérialiser leurs services, réduisant considérablement les délais de procédure.