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CAN 2019 : show devant !

Par François.BAMBOU - Publié en novembre 2017
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Toute la communauté est mobilisée pour faire de la Coupe d’Afrique des Nations, qui se déroulera en juin 2019, un succès. Tant sur les plans sportif et infrastructurel que festif.

Ce 7 octobre, le chantier du complexe sportif de Japoma connaît une ambiance inhabituelle. Et pour cause, un invité surprise vient d’arriver dans la place : Samuel Eto’o Fils. Le célèbre footballeur, en enfant du pays, est venu s’enquérir de l’état d’avancement des travaux de construction de ce stade, l’un des plus impressionnants qui va accueillir la Coupe d’Afrique des Nations en juin 2019. Il faut dire que ces derniers mois, la polémique sur le rythme d’évolution des chantiers était telle que la Confédération africaine de football (CAF) a dû donner un coup de semonce. Les plus pessimistes voyaient même l’organisation de ce tournoi être retirée au Cameroun, quintuple champion d’Afrique. Un débat stérile, selon Joseph-Antoine Bell, ancien gardien des Lions indomptables et désormais membre de la commission permanente de la CAF pour la CAN : « La CAN se tient en juin 2019, il s’agit donc d’être prêt pour 2019. Et il n’y a aucun ouvrage, aucune infrastructure de génie civil nécessaire à la CAN qui ne puissent être construits en vingt-deux mois. […] Pour l’instant, on ne connaît même pas les équipes sélectionnées, hormis celle du Cameroun, qui est le pays organisateur et qui a remporté la dernière CAN », confiait-il cet été. Même son de cloche du côté du chef de l’État Paul Biya, qui a sobrement déclaré que « le Cameroun sera prêt le jour dit », avant de procéder à la nomination de dizaines des membres du comité local d’organisation, comprenant des acteurs de la fédération camerounaise de football, ceux du ministère des sports et d’autres départements impliqués dans les commissions logement, transports, télécommunication, et sécurité. 
Certes, le défi est grand. Car il s’agit d’ici à la mi-2019, de mettre à la disposition des délégations de la CAF, des pays en compétition comme des milliers de supporters, des infrastructures sportives sur chaque site, constituées d’un stade de compétition et de cinq terrains d’entraînement. Bien entendu, les structures annexes (hôtelières, hospitalières, routières, aéroportuaires, etc.) devront répondre aux standards exigé par la CAF, de même que les équipements en communication et télécommunications. Pour l’heure, le gouvernement a réparti l’organisation de la CAN 2019 sur quatre sites (Yaoundé, Douala-Buéa-Limbe, Garoua, Bafoussam). « L’examen de l’état général des infrastructures nous permet de relever que sur les 32 stades dont disposera le Cameroun, les onze qui ont servi lors de la CAN 2016 sont prêts, disponibles et fonctionnels. Parmi les 21 autres, 14 sont à réhabiliter, 7 à construire ; les travaux des deux complexes les plus prestigieux, en l’occurrence Olembe et Japoma, ayant déjà démarré », assure Pierre Ismaël Bidoung Kpwatt, le ministre des Sports et de l’Éducation physique, qui chapeaute l’organisation du grand événement.
Les stades de compétition d’Olembe à Yaoundé (60 000 places) et de Japoma à Douala (50 000) seront dotés chacun de deux stades d’entraînement. Leurs constructions, qui évoluent normalement, ont été confiées au groupe Italien Piccini pour Olembe et à l’entreprise turque Yenigun pour le complexe sportif de Japoma. Les marchés relatifs à toutes les autres plateformes de jeu ou d’entraînement ont déjà été attribués à des entreprises de réputation internationale. Concernant l’hébergement des différentes délégations, le Cameroun serait même en avance dans les préparatifs, à en croire le ministre Bidoung Kpwatt : « Pour ce qui est des hôtels, les villes ayant abrité la CAN féminine de 2016, à savoir Yaoundé et Limbé ainsi que la ville de Douala, disposent des infrastructures hôtelières aux normes prescrites par la Confédération africaine de football. Dans les autres villes (Garoua et Bafoussam), des projets sont engagés en vue de la mise à niveau ou de la construction d’hôtels qui répondent aux standards exigés. »
Côté festif, le Cameroun veut renouveler l’exploit de l’organisation de la CAN féminine 2016 qui lui a valu non seulement les félicitations de la Confédération africaine de football, mais aussi le coup de coeur du jury lors de la 11e édition des Heavent Awards en avril 2017 à Cannes, en France, une compétition qui distingue les meilleures réalisations événementielles à travers le monde. Pour le ministre des Sports et de l’Éducation physique, le pays doit « relever le défi d’honneur d’assurer l’organisation de la CAN 2019 pour réaffirmer le leadership et le génie de notre pays en matière d’organisation des événements importants nationaux et internationaux ».
 
Une académie d’excellence
Reste à gagner le pari sportif. Car si les Camerounais, vainqueurs de la Coupe d’Afrique des nations 2017, tiennent tant à l’organisation de l’édition 2019, c’est qu’ils ont la ferme intention de garder le trophée. Une prétention largement répandue au sein d’une société très accro du football, où l’on scrute avec soin la composition de chaque sélection des Lions Indomptables. Après la déroute lors de la Coupe du monde 2014 au Brésil (soldée par trois défaites en trois matches), le chef de l’État avait demandé à une commission « de lui soumettre dans un délai d’un mois, les résultats de ses investigations sur les causes de la campagne peu glorieuse de notre équipe nationale, avec des propositions en vue d’une restructuration profonde et urgente du football camerounais ». Ce qui fut fait avec la mise en quarantaine de certains joueurs, le limogeage de l’entraîneur et de son staff en octobre 2015, la révision du mode de coopération entre la Fecafoot (Fédération camerounaise de football) et le gouvernement. Le rapport parvenu au chef de l’État a également suggéré la refondation complète de la sélection nationale avec de nouvelles figures plus jeunes, un toilettage des textes régissant le sport et notamment les équipes nationales, et la mise en place de l’Académie de football du Cameroun, pensée il y a quelques années par Paul Biya. En mai 2017, Issa Hayatou, ancien président de la CAF (1988-2017), a été nommé président du conseil d’administration de cette académie et l’entraîneur à succès des Lionnes indomptables, Carl Enow Ngachu, directeur général. Le succès du Cameroun à la CAN 2019 dépend aussi de la restauration de la paix au sein de la Fédération camerounaise de football. En raison des querelles interminables entre les membres de l’exécutif de la fédération depuis plusieurs années, la FIFA et le gouvernement ont désigné le 23 août un comité de normalisation présidé par l’avocat Dieudonné Happi. Il est chargé de gérer les affaires courantes de la Fecafoot, d’élaborer de nouveaux statuts en conformité avec les standards de la FIFA ainsi qu’avec la législation nationale obligatoire en vigueur, et enfin, d’organiser l’élection d’un nouveau comité exécutif de la Fecafoot au plus tard le 28 février 2018. Pour les autorités, la réussite de ces missions est centrale. Car l’instabilité à la tête de la Fecafoot a beaucoup joué dans les retards observés dans certains aspects des préparatifs de la CAN.