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Niger

Comment vaincre le péril djihadiste

Par - Publié en juin 2020
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Il ne peut y avoir de développement sans sécurité. Le gouvernement a fortement investi dans un vaste plan de défense. Et peut compter sur le soutien international.

Des pays du Sahel subissant directement la menace terroriste et la criminalité transfrontalière (narcotrafiquants et réseaux de traite humaine), le Niger n’est pas le moins bien placé. Pourtant, il est le seul des cinq États qui composent la force conjointe du G5 (avec le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie et le Tchad) à connaître des risques sur ses quatre points cardinaux : au nord à cause d’un État failli, la Libye, à l’ouest en raison d’un État en partie défaillant, le Mali, et au sud et à l’est avec respectivement un géant aux pieds d’argile, le Nigeria, et un Tchad dispersé, tous deux débordés par les islamistes de Boko Haram. « Il n’y a pas de menace domestique, assure Issoufou Katambé, ministre de la Défense nationale. Il n’y a pas de sanctuaire djihadiste chez nous. » Pourtant, l’organisation salafiste État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) semble disposer de plusieurs bases de repli le long de la frontière malienne. Pire, elle multiplie les attaques contre les villages, ciblant particulièrement la chefferie traditionnelle, avec l’assassinat de cinq chefs en trois jours, fin novembre dernier. Une manière de s’attaquer à l’organisation sociale et l’autorité locale pour imposer son diktat aux populations villageoises. Le président Issoufou ne s’y trompe pas. Nul développement sans sécurité. Et si, au cours des huit premières années de sa présidence, il a investi 10 000 milliards de francs CFA dans les infrastructures et les projets stratégiques, il a consacré, en 2018 et en 2019, 16 % du budget de l’État à la défense et à la sécurité. Sur les 50 000 fonctionnaires recrutés depuis 2012, un nombre important (le chiffre est quasi top secret) concerne de nouveaux soldats. C’est pourquoi il annonce fièrement que le pays est désormais la troisième puissance militaire en Afrique de l’Ouest, ravissant cette place à la Côte d’Ivoire. Elle est l’un des grands artisans de la lutte contre les groupes islamistes qui sévissent dans la zone sahélienne – Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) au Mali et au Burkina Faso, et Boko Haram – avec la Force multinationale mixte (FMM), qui comprend également les armées du Bénin, du Cameroun, du Nigeria et du Tchad. Elle participe à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), avec 500 soldats. En matière d’équipements, le Niger se ravitaille essentiellement auprès des plus grandes forces armées internationales, particulièrement les États-Unis. 

LES SOLDATS LES MIEUX LOTIS 
Le Niger consacre ainsi plus de 350 milliards de francs CFA à la défense et à la sécurité sur un budget de 2 236 milliards. « C’est autant d’argent en moins pour l’éducation, la santé ou l’accès à l’eau potable, déplore le Président, mais la sécurité n’a pas de prix. En revanche, je milite pour que cet effort ne soit plus comptabilisé par les institutions monétaires régionales, comme l’UEMOA, ou internationales, telles le FMI et la Banque mondiale, comme des déficits budgétaires mais comme des investissements. » En matière d’équipements, les soldats nigériens sont les mieux lotis dans la région. Par ailleurs, le pays abrite à Agadez une base aérienne américaine dotée d’une force de frappe via des drones Reaper qui interviennent en Libye, au Mali et au Burkina Faso. Une base militaire d’appui au dispositif français au Sahel est également opérationnelle. Et des accords de coopération lient Niamey à Bruxelles et à Rome.