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HISTOIRE

Genèse de la réunification

Par - Publié en avril 2016
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Divisé pendant la période coloniale entre Britanniques et Français, le Cameroun a bataillé longuement pour mettre fin à cette partition.

Ceux qui ont peu ouvert leurs manuels d’histoire ne savent pas qu’avant la République du Cameroun, la dénomination actuelle de l’État, il a existé une République fédérale du Cameroun, puis une République unie du Cameroun. Pourtant, la célébration annuelle de la fête nationale vient rappeler qu’au-delà des indépendances des parties francophones et anglophones, respectivement le 1er janvier 1960 et le 1er octobre 1961, la célébration de l’unité retrouvée des deux parties du pays, le 20 mai 1972, reste l’événement majeur de son histoire.

UNE PREMIÈRE CONQUÊTE ALLEMANDE

À la suite de l’accord du 12 juillet 1884, à travers lequel les chefs doualas abandonnaient leur souveraineté au pouvoir allemand, ce dernier avait entrepris la conquête de l’hinterland de ce territoire jusqu’aux frontières actuelles du pays, limitrophes du Tchad, du Nigeria, du Congo, du Gabon, de la Guinée équatoriale et de la Centrafrique, soit plus de 520 000 km2. La défaite germanique à l’issue de la Première Guerre mondiale laissa libre cours aux vainqueurs pour se partager son empire colonial. Le Cameroun se trouva donc divisé en deux : les quatre cinquièmes du pays revenait à la France, tandis que le reste, contiguë au Nigeria, entrait sous domination britannique.

Pour la jeune classe intellectuelle émergeant des deux parties, la lutte politique a dès lors un double objectif : mettre fin à la colonisation et reconstituer le « grand Kamerun » d’avant le partage franco-britannique. Administrativement intégrée au Nigeria, la partie anglophone ne sera récupérée qu’en partie, grâce à la lutte de leaders locaux tels que le Dr Emmanuel Mbela Lifafa Endeley, du premier parti politique, la Cameroons National Federation (CNF), ou encore N. N. Mbile et Robert Kum Dibongué, deux dissidents du CNF qui fondent le Kamerun United National Congress (Kunc). « Nous voulons que le Cameroun britannique et le Cameroun français se réunissent », indique alors leur manifeste. Ce sera chose faite lors de l’indépendance du Cameroun anglophone, en 1961, qui marque la naissance de la République fédérale du Cameroun.

Le drapeau vert-rouge-jaune du pays est alors frappé de deux étoiles d’or sur la bande verte, pour symboliser la difficile période de la partition du Cameroun. L’appareil étatique de l’époque étant plutôt lourd pour cette jeune nation fédérale composée d’un pouvoir central et d’un gouvernement pour chaque État, avec autant de Parlements et d’organes judiciaires, le président Ahmadou Ahidjo convoque un référendum le 20 mai 1972 sur la constitution d’un État unitaire. Le « oui » l’emporte à une écrasante majorité dans les deux États, donnant naissance à la République unie du Cameroun. Le 20 mai devient alors jour de commémoration de l’unité nationale. Le 4 février 1984, pour gommer définitivement les stigmates de la partition, Paul Biya, à son arrivée au pouvoir, instaurera la République du Cameroun.