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Thibaut Danho

Le champion du bassin

Par Alexandre Blondin - Publié en août 2016
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22 ans, 1,86 mètre, 80 kg, la personnalité du Capricorne et le charisme des vainqueurs ! Si Thibaut était un gladiateur des temps modernes, l’Olympe lui tendrait les bras. En ce mois d’août, il va vivre le rêve olympique et défendre les couleurs de la Côte d’Ivoire au pays des Cariocas dans une discipline où le continent (hors Afrique du Sud et Tunisie) fait office de parent pauvre. Recordman de Côte d’Ivoire sur 50 m, 100 m, 200 m, 400 m nage libre, 50 m et 100 m papillon, le nageur franco-ivoirien truste les titres et se positionne comme un nouvel espoir de la natation noire africaine. Brillant étudiant à l’École nationale d’ingénieurs des mines d’Alès (Gard), ce jeune performeur conjugue les études supérieures, la technicité sportive et l’intelligence de l’eau. Sociétaire du Cercle nautique Cévennes Alès, coaché par Alain Michel, il s’entraîne 20 heures par semaine entre la piscine et la salle de musculation. Le tigre est son animal totem, grand prédateur et excellent nageur, des qualités que revendique le sportif en quête de performances.

AM : Comment êtes-vous arrivé en France ?
Thibaut Danho : Mon père, natif du village de Bago près d’Abidjan, est venu s’installer en France pour faire ses études. J’ai commencé à nager très jeune à l’ASPTT Grand Toulouse. J’ai vite ressenti une véritable passion et des prédispositions pour ce sport, mais je ne pensais pas accéder un jour au niveau international. La France m’a offert des conditions d’entraînement incomparables avec celles de mon pays d’origine. Je suis fier d’être à la fois Français et Ivoirien, de partager mon coeur entre deux cultures.

Peu de nageurs noirs africains s’affichent au niveau international, pensez-vous être une exception ?
Une exception, non, car je ne m’entraîne pas en Afrique. Lors des Jeux africains, tous les nageurs qui ont obtenu des médailles s’entraînaient dans une structure externe à leur pays d’origine. Il faut de nouvelles piscines et des centres de formation pour que la natation progresse et se place au niveau international ; il n’y a pas de secret.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune sportif qui souhaiterait suivre votre chemin ?
La sage philosophie de Nelson Mandela, qui démontre que l’on n’obtient rien sans rien et que tout ce que l’on entreprend est un combat qu’il faut mener avec volonté et détermination.

Vous êtes champion de natation de Côte d’Ivoire et vous détenez six records nationaux en nage libre et en papillon. Quelles sont vos ambitions sportives et vos perspectives d’avenir ?
Je reste très prudent sur les données possibles de mon évolution sportive même si je me sens capable d’aller beaucoup plus loin au niveau des performances. Ma priorité reste mes études et mon avenir professionnel. Lorsque j’étudiais à l’IUT à Toulouse, j’ai effectué un stage de plusieurs mois à Londres pour être parfaitement bilingue. Cette expérience était une initiative personnelle car je suis un battant et un décisionnaire, « la tête et les jambes » c’est possible, encore faut-il savoir gérer le corps et l’esprit.

Rio sera votre première sélection olympique… Que ressentez-vous à quelques jours de ce symbolique événement sportif ?
C’est un souhait qui se réalise, une chance et une opportunité incroyables. Je suis comme sur un nuage et je vais donner le meilleur de moimême. Ma 7e place en finale du 50 m papillon (6e temps des séries), lors des Jeux africains de Brazzaville (2015) face au champion olympique sud-africain Chad Le Clos, m’a donné des ailes pour la suite de ma carrière. Je serai du voyage à Rio pour représenter la Côte d’Ivoire dans l’épreuve reine olympique, le 100 m nage libre. Mon temps de référence de 53”21, même s’il est loin des meilleurs mondiaux, est une performance sur le continent. Conscient de l’enjeu que représente cet événement unique, je me conditionne physiquement et psychologiquement. Quel que soit le résultat, je sais que je vais vivre une aventure humaine et sportive magique et inoubliable. Serge Vremen, président de la Fédération ivoirienne de natation et de sauvetage (Fins), souhaite impulser la natation ivoirienne. C’est un projet ambitieux, un véritable défi de représentativité identitaire. Ma participation aux Jeux olympiques est plus qu’un objectif : c’est un devoir.