Aller au contenu principal
Moussa Sissoko

Le coeur black des Bleus

Par Alice Chapon - Publié en août 2016
Share

Du Stade de France, qui a abrité la finale de l’Euro 2016, à Aulnay-sous-Bois, il y a grosso modo une vingtaine de kilomètres. Un monde pour Moussa Sissoko, originaire de cette banlieue parisienne où différentes communautés partagent le pain, et qui a toujours gardé une indéfectible reconnaissance pour sa ville. Celle « où tout a commencé », rappelle-t-il. Il n’oublie pas qu’Aulnay a été son tremplin pour le Red Star 93 avant de rejoindre le centre de formation du Toulouse Football Club, où il effectuera ses débuts professionnels à 17 ans. Ce parcours lui vaut d’être régulièrement appelé en équipe de France chez les jeunes et, à la faveur de sa meilleure saison au « Téfécé », en 2009, il est remarqué par Raymond Domenech, alors sélectionneur des Bleus. La suite est logique : un départ outre-Manche pour le repaire des « Frenchies », Newcastle. Son deuxième Aulnay, son deuxième Toulouse… Car chez Sissoko, la fidélité a plus de sens que le seul clinquant des clubs européens qui brandissent les chèques aux multiples zéros. Voilà pourquoi il avait choisi d’y rester, malgré les appels du pied récurrents d’autres formations anglaises de prestige. Moussa-le-besogneux a sans doute adapté la devise du pays de ses parents, le Mali, à sa propre vie : « Un peuple, un but, une foi. » Il a cru à Newcastle, tombé dans les profondeurs du championnat anglais, si bas que c’est désormais la Championship (deuxième division) qui l’attend. Il n’y passera certainement pas la saison, soyons clairs.

À 26 ans, le milieu des Bleus connaît les vertus de la patience. Convoqué par Didier Deschamps un peu à la surprise générale, il a tenu son rang au fil des rencontres de l’équipe de France. Au début, disons le tout net, il a énervé les fins observateurs appelés supporters, passablement contrariés par ses hésitations, son placement. Les mêmes ont volontiers raillé les choix du sélectionneur parce qu’on n’aligne pas un joueur « qui n’est connu que de son père et de sa mère » pour un quart de finale d’un tel niveau. Non, il n’est pas entré de plain-pied dans cette compétition éclaboussant coéquipiers et adversaires de son talent. Moussa, c’est plutôt un diesel. Version injection. Il est monté en puissance jusqu’à cette maudite finale perdue contre le Portugal au cours de laquelle il a été élu meilleur joueur de la rencontre. Mais Moussa remportera d’autres trophées à l’avenir. Comme pour accréditer l’adage africain, selon lequel il vaut mieux regarder devant soi que se retourner sur l’endroit où l’on a trébuché.