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Le Maroc au sommet

Par Julie Chaudier - Publié en octobre 2016
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Après 2001, Marrakech accueille sa seconde conférence climatique. Un événement planétaire dont les retombées devraient bénéficier au royaume… et au continent.

Un pays d’expérience : c’est la deuxième fois que le Maroc accueille une COP. En 2001, c’était déjà à Marrakech que la COP7 avait défini les règles d’application du Protocole de Kyoto. Un succès en demi-teinte à cause du refus des États-Unis de le ratifier. Cette fois, du 7 au 18 novembre 2016, il s’agira de traduire de belles intentions – l’Accord de Paris – en règles communes. Et si, en 2001, la COP7 était passée sous les radars en raison des attentats du 11 septembre, le royaume entend bien faire de la COP22 un événement national et continental. En prouvant, par exemple, qu’il est capable de réaliser une COP aussi bien huilée que la précédente . Question de prestige et d’image. Pour y parvenir, le gouvernement a mis de gros moyens : près de 800 millions de dirhams (73 millions d’euros), environ 80 % du budget 2016 du ministère de l’Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement. 376 millions ont été confiés à l’agence française GL Events pour la seule organisation de l’événement dans le quartier de Bab Ighli de Marrakech. Mi-septembre, Mohammed VI s’est rendu en personne sur le site pour évaluer l’avancée des installations.

Pour le roi, qui a récemment élargi ses alliances vers la Chine et la Russie, il s’agit surtout de manifester la capacité de sa diplomatie à influer sur le cours des négociations. En tant que pays hôte, le Maroc a en effet la responsabilité de diriger et d’orienter les discussions. Et si tous les États parties parviennent à se mettre d’accord, le succès de la conférence sera donc aussi celui de Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, et président de la COP22.

Capable d’organiser et de mener un événement d’ampleur internationale à l’égal d’un pays développé, le Maroc doit simultanément prouver aux Africains qu’il est bien l’un des leurs. Rabat développe déjà une forte stratégie d’influence régionale, mais la COP22 est l’occasion de montrer qu’il se bat pour tout le continent. En avril, le royaume a donc lancé l’initiative Triple A, pour adaptation, agriculture et Afrique.

« Nous jouons un grand rôle avec nos frères dans le développement du continent », a encore déclaré le futur président de la COP22, après avoir déposé les instruments de ratification du Maroc auprès des Nations unies en septembre 2016. Pour être crédible dans ce nouveau rôle de défenseur de l’environnement, le royaume multiplie les gestes écologiques. Pendant la COP21, le roi a annoncé son intention d’élever la part des énergies renouvelables dans le mix électrique de 42 à 52 % d’ici 2030. L’interdiction des sacs plastiques a été mise en oeuvre avec une pugnacité rare dans un pays où le secteur informel rend difficile l’application de bien des lois. De nouvelles, sur l’eau et pour la protection du littoral, ont également été promulguées récemment. Toutes ces décisions ne seront pas immédiatement traduites dans les faits mais, à travers les préparatifs de la COP22, l’ensemble de la population est lentement sensibilisé aux problématiques environnementales.