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MOUNOUNA FOUTSOU

Par - Publié en avril 2016
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Ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique

« Mettre en place des dynamiques pérennes »

AM : Pourquoi lancer un plan triennal spécial jeunes (PTS Jeunes), et succinctement, en quoi consiste-t-il ?
Mounouna Foutsou : Ce programme est la réponse que le président de la République a donnée aux préoccupations de la jeunesse. Doté d’une enveloppe de plus de 102 milliards de francs CFA, il concerne son insertion socio-économique dans des domaines tels que l’agriculture, l’élevage, l’économie numérique, l’industrie et les infrastructures d’encadrement de proximité, avec un volet sur l’éducation civique et la promotion de l’intégration nationale, basé sur le volontariat de mission et les chantiers de jeunesse.

Comment expliquer le bilan mitigé des précédents plans ?
La question que vous posez laisse croire que les projets et programmes lancés en faveur des jeunes n’ont pas connu le succès escompté. Les initiatives mises en place aussi bien par le gouvernement, les partenaires au développement, la société civile que le secteur privé, ont réalisé bien souvent des performances au-delà de celles qui étaient attendues. En fait, la demande des jeunes est importante et s’accroît rapidement. Il était donc nécessaire de mettre en place des dynamiques pérennes afin de faciliter leur entrée dans le monde du travail.

On a souvent considéré qu’à la base du chômage, il y avait une inadéquation entre la formation des jeunes et les besoins du marché. Quelles mesures sont prises pour corriger ce problème ?
Depuis plusieurs années, la professionnalisation des enseignements et l’extension de la formation professionnelle font partie des priorités du gouvernement. Ainsi, de nouvelles filières sont apparues également dans la formation extrascolaire pour satisfaire les besoins de l’économie nationale, autant en matière de main-d’œuvre qualifiée que d’offre de compétences pour l’auto-emploi et l’entrepreneuriat. Dans le cadredes dispositifs spécifiques d’appui aux jeunes pour leur permettre d’accéder à une activité suffisamment rémunératrice, un volet « capacitation » technique, entrepreneuriale et managériale avait même été intégré pour améliorer leur productivité. Un aspect réaffirmé et consolidé dans le nouveau plan.

En dehors des jeunes qui suivent des formations, quelles solutions le gouvernement apporte-t-il à ceux qui ont quitté le système scolaire ?
Du point de vue du gouvernement, la jeunesse en tant que catégorie démographique est considérée comme un ensemble dont il faut susciter et accompagner la prise d’initiatives. À cet effet, il n’y a pas de discriminations liées au niveau scolaire, à l’opinion politique, à la croyance religieuse ou à l’origine sociologique. C’est pourquoi, autant dans l’ensemble des initiatives envisagées que dans celles déjà mises en œuvre pour l’insertion socio-économique des jeunes, il est question d’assurer véritablement l’égalité des chances. L’opération spéciale de recrutement des 25 000 jeunes dans la fonction publique en est une illustration puisque les postes ouverts concernaient tous les niveaux scolaires. Pour autant, cela n’exclut pas la concurrence propre au monde du travail et pour laquelle chacun de nos jeunes doit se préparer pour devenir et rester le meilleur dans son domaine.

Quelles sont les ambitions des centres de formation professionnelle d’excellence, et quelles seront les conditions d’accès ?
Ouverts à un grand nombre de candidats, ces centres, mis en place par le ministère en charge de la Formation professionnelle, sont des plates-formes destinées à améliorer qualitativement et quantitativement l’offre de formation professionnelle initiale et continue. Avec le concours de la coopération coréenne, trois structures ont été ainsi ouvertes à Douala, Limbé et Sangmelima, avec pour objectif de développer la compétence camerounaise dans des secteurs comme la fabrication mécanique, la peinture industrielle, la plomberie, la menuiserie, la soudure ou l’esthétique.

Quel était le but de la campagne nationale d’éducation civique et d’intégration nationale lancée par le Premier ministre et quel bilan peut-on en faire ?
Le niveau de moralité de la population en général et des jeunes en particulier nécessitait un regain d’action et un surplus d’attention. Ce que le chef de l’État a d’ailleurs rappelé dans son message à la jeunesse le 10 février 2013. C’est dans ce cadre que le ministère de la Jeunesse et de l’Éducation civique s’est engagé à sensibiliser le plus grand nombre au principe de la citoyenneté, au vivre-ensemble harmonieux et au respect des institutions et des lois. Lancée le 29 septembre 2015, cette campagne a vu la mise en place de clubs en milieu scolaire, universitaire et extrascolaire, mais aussi dans les villages et dans les quartiers. Nous avons pu constater, lors de nos diverses visites sur le terrain, que ces clubs étaient tous fonctionnels et dynamiques. Je tiens d’ailleurs à saluer le travail de certains, impliqués dans les comités de vigilance qui contribuent à lutter contre Boko Haram aux côtés des forces de défense. Pour renforcer leur action, nous sommes passés à la phase d’intensification de l’éducation civique et à l’intégration nationale.

Et concernant le service civique national de participation au développement, quels sont ses premiers acquis ?
À sa mise en place, l’Agence du service civique national de participation au développement a reçu mandat de mobiliser des énergies pour le développement économique, social et culturel de notre pays et la promotion du sentiment national et patriotique, de l’intérêt général, de la dignité et de l’amour du travail, de l’esprit civique, de la culture de la tolérance et de la paix. Après trois années de présence sur le terrain, les résultats sont éloquents : 15 000 volontaires ont été formés dans l’agropastoral. En 2015, les sites de Laba, dans la région de l’Est, et de Langui, dans le Nord, ont été opérationnalisés. Avec l’appui de nos partenaires, les volontaires y ont réalisé des champs semenciers de manioc et de maïs. Dès cette année 2016, dans les dix régions, il est question de créer des bassins de production agropastoraux dans les villages pionniers, qui seront de véritables incubateurs d’entreprises agricoles, d’éducation civique et d’intégration nationale. Avec le PTS Jeunes, l’Agence du service civique national aura un rôle plus déterminant encore puisqu’elle assurera l’éducation civique de l’ensemble des jeunes devant bénéficier d’un appui pour leur insertion socio-économique.