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Un rêve pour tous, un projet pour chacun

Par BAUDELAIRE MIEU - Publié en juillet 2016
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Priorité du second mandat d’Alassane Ouattara, l’insertion des jeunes dans la vie active fait l’objet d’une série de mesures phares qui devraient bénéficier à 600 000 d’entre eux d’ici à 2020.

Après un premier quinquennat consacré auxinfrastructures, à la relance de l’économie et àla consolidation de la paix, le second mandat duprésident Alassane Ouattara a mis le cap sur lajeunesse. Et les défis sont de taille. Depuis FélixHouphouët-Boigny, tous les chefs d’État qui se sontsuccédé à la tête de la Côte d’Ivoire ont eu la volonté de prendre en main lesquestions liées à la jeunesse, mais avec des succès parfois mitigés. Notammenten ce qui concerne l’alphabétisation : ainsi, d’après le recensement de 2014,56,1 % de la population âgée de 15 ans et plus ne sait ni lire ni écrire.Maisqu’est-ce qu’un « jeune » ? Selon le Bureau international du travail (BIT),entre dans cette catégorie toute personne ayant entre 15 et 35 ans. LaCôte d’Ivoire, elle, semble vouloir faire figure d’exception puisqu’elle étendcette norme jusqu’à… 45 ans. Anomalie ? Non : la société ivoirienne étantculturellement marquée par le respect de l’âge, l’État a souhaité fairebénéficier les 35-45 ans des dispositifs prévus pour leurs cadets. C’est ce quiexplique que, par exemple, les partis politiques cooptent des quadragénairesà la tête de mouvements ou groupements de jeunesse. Les statistiquesdémographiques sont ainsi tout aussi parlantes : sur une population estiméeà 23 millions de personnes, 77,3 % ontmoins de 35 ans ; et ce taux dépasse les80 % dès lors que l’on y intègre les quadras.Analphabétisme, difficultés à trouver unemploi stable, précarité : un cercle vicieuxqui peut conduire les plus vulnérables sur lechemin du désoeuvrement et dont peuventprofiter des individus ou mouvements malintentionnés.La jeunesse est donc un enjeunational, tant sur le plan de la croissanceéconomique, du développement que surcelui de la stabilité politique et sociale.Le président Ouattara et le gouvernementivoirien ont mis en oeuvre plusieursprogrammes avec, parfois, l’appui debailleurs de fonds.

UN PASSEPORT POUR L’EMPLOI

En 2015, a ainsi été créée l’AgenceEmploi Jeunes dans le but de fédérer toutesles politiques d’emploi et de réinsertion.Le gouvernement a également lancél’opération « Agir pour les jeunes »,qui dispose d’un budget de 4,1 milliardsde francs CFA (6,2 millions d’euros)et ayant pour vocation de financer plusde 11 000 projets. Enfin, l’initiative« Une formation, mon passeportpour l’emploi », dans le domainede l’entrepreneuriat, a été notammentconçue pour améliorer l’accèsà la vie active des jeunes diplômésdont les profils ne correspondentpas aux besoins du marché.

DES PROJETS AUX PROFILS PERSONNALISÉS

De son côté, la France a misen place un fonds global de 21 milliardsde francs CFA (32 millions d’euros) parle biais du contrat de désendettementet de développement (C2D). La Banquemondiale, quant à elle, développe avecle gouvernement le Projet d’emploijeune et développement des compétences(Pejedec), destiné à favoriser l’accèsà des stages et emplois et l’acquisitionde compétences professionnelles par desjeunes de 18 à 30 ans. « Le Pejedec faitpartie de la multitude de chantiers engagéspar le président de la République pourfaire face aux problèmes de chômageet de sous-emploi des jeunes de notrepays », explique Moussa Dosso, le ministrede l’Emploi et de la Protection sociale.L’enveloppe budgétaire du Pejedec s’élèveà 25 milliards de francs CFA (38 millionsd’euros) et concerne une populationde 30 000 jeunes. Au total, le budgetjeunesse de l’État s’élève à 58 milliardsde francs CFA (88,4 millions d’euros)et devrait s’appliquer à 120 000 jeunespar an. L’objectif est d’en insérer600 000 à l’horizon 2020 dans desemplois durables du secteur formel.« Nous définissons les projets en fonctiondes profils et des situations. Personnene sera exclu », confie Sidi Touré, le ministrede la Promotion de la jeunesse. Enfin,pièce maîtresse du dispositif, le présidentOuattara, conscient des difficultés descolarisation des plus jeunes, a instauréla gratuité scolaire pour les enfantsâgés de 6 à 16 ans. Ce programme estfinancé à hauteur de 700 milliards de francsCFA (1 milliard d’euros) sur cinq ansdont un pan sera consacré au recrutementde 5 000 instituteurs et des agentsde formation.