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Une histoire en marche

Par zlimam - Publié en novembre 2017
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lls seront nombreux le 29 et le 30 novembre à Abidjan pour le 5e Sommet Union africaine-Union européenne. De nombreux chefs d’État feront le déplacement. On parle d’une centaine de délégations, avec les invités, les observateurs, la société civile… Des milliers de participants. Il y a quelque chose qui « pulse » autour de l’événement, qui dépasse les codes un peu compassés de la diplomatie et le cadre des rencontres habituelles et très formatées de l’Union européenne avec ses partenaires continentaux.

Il faut d’abord parler chiffres, données objectives : en termes d’échanges commerciaux, la Chine a pris la première place, mais l’UE reste malgré les hauts et les bas, le second interlocuteur du continent, sans vraiment le vouloir, d’ailleurs. Les échanges entre la zone UE et le continent ont plus que doublé depuis 2007. Les exportations africaines vers l’Europe représentent près de 200 milliards de dollars par an.

Au-delà du business, il y a justement un changement de perception stratégique. L’Union européenne se retrouve fragilisée par la montée du protectionnisme et du « trumpisme » américain. Menacée aussi par l’affirmation de la puissance chinoise, l’émergence d’une Asie industrieuse. Pourtant, malgré les difficultés, les pesanteurs, l’UE reste la zone la plus prospère du monde, avec des entreprises compétitives.

Et aussi un espace unique de liberté, de social-démocratie. Cette Europe se cherche une politique de puissance autonome, elle se cherche des nouveaux partenariats, de nouveaux débouchés pour ses produits. Et elle devra assumer beaucoup plus la charge de sa protection et de sa défense.

À son sud, juste là, à peine à quelques heures d’avion, quelques jours de bateau, il y a un continent immense en profonde mutation. C’est le continent du XXIe siècle.

Ne serait-ce que par la démographie. L’Afrique comptera 2,5 milliards d’habitants en 2050. 4,5 milliards à l’horizon 2100. Un être humain sur quatre sera alors africain. Ils seront tous aux portes de la zone la plus riche de notre planète.

Climat, sécurité, technologie, potentiel, épicentre de la croissance pour le XXIe siècle, cette Afrique immense sera au coeur des enjeux globaux. L’Afrique aura besoin d’investissements, de coopération sécuritaire et militaire, de technologie. Elle aura aussi la volonté de maintenir une diversité de relation avec ses partenaires pour préserver son indépendance. L’Europe a besoin d’espaces pour ses entreprises, de s’accrocher à de nouvelles locomotives de croissance, à de nouvelles sources d’inspiration et d’énergie. Elle a aussi la nécessité de protéger un modèle démocratique au moment où l’autoritarisme retrouve une triste modernité. Elle a besoin enfin de sécurité, et de contrôler les flux de populations.

Les sujets de frictions seront nombreux (commerce équitable, protection des migrants, transferts de ressources, etc.) mais tous les éléments d’un partenariat transformé, révolutionnaire, sont là, sur la table. Il y a une diagonale Nord-Sud, par-delà la Méditerranée, d’Oslo à Johannesburg, qui portera une grande partie de l’histoire du siècle. Autant ou presque que ce qui se passera en Chine et en Asie.

Que ce 5e sommet se tienne en Côte d’Ivoire est un symbole tout aussi porteur. Abidjan, capitale économique cosmopolite, s’est imposée en quelques années, comme l’une des grandes portes d’entrée vers l’Afrique. Depuis l’accession d’Alassane Ouattara à la présidence, le pays s’est lancé dans un cycle de reconstruction, de réformes, de croissance. Ici, à l’image du continent, tout est défi et mouvements : importance de la jeunesse, émergence des classes moyennes, enjeux politiques, économiques, éducation, nouvelles technologies… C’est l’ambition, forcément modeste, de ce hors-série : explorer cette Côte d’Ivoire en mutation, cette Côte d’Ivoire de demain.