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Couverture maladie universelle
Lentement mais sûrement

Par - Publié en août 2019
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Dans le souci de garantir un système sanitaire de qualité et à moindre coût, l’État se lance dans un grand chantier social : la mise en oeuvre effective de la fameuse CMU. À ce jour, 1 800 000 bénéficiaires ont déjà été enrôlés, dont plus de 32 000 indigents.
 
Système national obligatoire contre le risque maladie, la Couverture maladie universelle (CMU) vise à garantir l’accès aux soins à moindre coût à l’ensemble de la population résidant sur le territoire. Elle comprend un régime contributif, dit régime général de base, à raison de 1 000 francs CFA par personne et par mois, pour les personnes âgées de 5 ans et plus, et un régime non contributif (régime d’assistance médicale, l’État paiera pour les personnes indigentes). Celui-ci vise les personnes économiquement faibles ou démunies qui seront choisies sur la base des données du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 2014) et les résultats de l’enquête sur le niveau de vie des ménages. De façon concrète, l’assuré paie un ticket modérateur de 30 % et l’assurance se charge du reste, à hauteur de 70 %, la cotisation s’élevant à 1 000 francs CFA par mois et par individu. C’est donc à l’issue d’un délai de carence, estimé à trois mois, que le patient bénéficiera des prestations. Lors d’une conférence de presse en mars dernier, le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, a rassuré en annonçant que « les prélèvements démarreront à fin avril 2019, de sorte à rendre les prestations effectives dès le 1er octobre 2019 ».
 
Les étudiants testeurs
Prévue pour six mois, la phase expérimentale au sein des résidences universitaires avait été concluante. Une étape qui s’avérait nécessaire pour éprouver le dispositif et tous les outils de gestion déployés avant sa généralisation. Dans ce cadre, 111 013 étudiants ont été enrôlés avec un dispositif de distribution des cartes déployé sur 60 sites. Leur cotisation est payée par l’État à travers la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Dans ce cadre, les étudiants ont bénéficié de prestations dans les centres de santé universitaires. Un peu plus de 30 000 personnes ont effectué environ 90 000 prestations.
À partir de janvier 2020, toutes les personnes qui ont une assurance privée devront au préalable avoir été reconnues comme assuré CMU, pour pouvoir continuer à bénéficier des services et des prestations des assurances privées. La CMU se veut une assurance sociale prenant en compte le secteur formel et informel. Dans la théorie, les cotisations seront prélevées avec des organismes de gestion déléguée, chargés de faire la collecte des cotisations des assurés. « Pour ceux qui travaillent dans le privé, c’est la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) qui collecte les cotisations auprès de l’employeur. Les fonctionnaires et agents de l’État, en activité et à la retraite, seront prélevés par les soldes civile et militaire ou par la Caisse générale de retraite des agents l’État (CGRAE) », explique la Cnam.
 
Un vaste contenu d’offre de soins
Un panier de soins a été établi sur la base des pathologies ayant le plus d’impact sur la population en excluant ceux dits chroniques, explique Christian Brou, médecin et spécialiste de la question de la couverture maladie. Il se compose de 18 groupes de pathologies, notamment 170 maladies les plus fréquemment rencontrées et celles qui causent de grands dommages financiers aux ménages comme le paludisme, les diarrhées infectieuses chez les enfants, les fièvres infectieuses, la malnutrition.
Mais pour réussir, le gouvernement doit aussi renforcer l’exécution de son programme de réhabilitation de centres de santé, afin de rendre opérationnels quelque 725 centres de santé au démarrage de la CMU. Déjà à Abidjan et dans certaines grandes villes, le constat fait état de la réhabilitation effective et la construction de plusieurs centres de santé. Le projet de loi sur la réforme hospitalière, adopté début avril, devra permettre une gestion optimale de ces différents centres. Elle prévoit à cet effet une gestion de type privé avec des objectifs visant à améliorer, non seulement la prise en charge des patients, mais aussi à mieux gérer les ressources internes.