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Vers la fin de la corvée d’eau

Par - Publié en août 2019
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Grâce aux pluies et à son sous-sol, le pays ne manque pas de réserves. Et pourtant, plus de deux millions d’Ivoiriens ont encore des difficultés à accéder au réseau potable, malgré d’importants investissements. Le Programme eau pour tous pourra-t-il satisfaire les citoyens ?
 
N les citoyens ? ous sommes en avril 2018. Plusieurs villes sont frappées par de sérieuses pénuries d’eau potable, notamment Bouaké (deuxième ville la plus peuplée du pays), Niakaramandougou, Ferkessédougou, Doropo, Odienné et Tiéningboué. La situation devient vite inquiétante, car les mois passent sans solution viable. D’importantes actions d’urgence sont menées, comme des forages de puits à Bouaké (grâce aux financements de la Banque mondiale). Un paradoxe pour un pays qui dispose de ressources assez abondantes : le volume d’eau mobilisable est d’environ 77 milliards de m3/an, dont près de 39 milliards de m3 d’eau de surface et environ 38 milliards de m3 d’eau souterraine. Cet événement souligne l’inégale répartition des ressources sur l’ensemble du territoire et pose la problématique de la capacité de leur mobilisation pour l’hydraulique humaine. À cela s’ajoutent l’impact des changements climatiques (baisse de pluies), les problèmes techniques (réseaux sousdimensionnés, déficit de production, pannes techniques) et les dégradations humaines (pollution de la ressource, occupations anarchiques des champs captant, et fraude sur le réseau de distribution). Et pourtant, entre 2011 et 2018, ce sont plus de 500 milliards de francs CFA qui ont été investis par le gouvernement pour l’accès à l’eau potable.
Le Programme au pour tous, lancé en 2017, montre une prise de conscience de la part des autorités. Ce plan de grande ampleur prend en compte la réhabilitation intégrale de 21 000 pompes hydrauliques sur l’ensemble du territoire et offre la fourniture courante en eau potable à 200 chefs-lieux de sous-préfecture. Selon le ministre de l’Hydraulique, Laurent Tchagba, 200 milliards de francs CFA doivent être investis dans la construction de 200 châteaux d’eau et 8 000 pompes villageoises pour la première phase d’exécution. Le besoin d’investissement global est évalué à 1 320 milliards de francs CFA pour porter, d’ici à 2020, la couverture en eau potable à 95 % en moyenne dans le pays. Au début de l’année, Laurent Tchagba s’est d’ailleurs réjoui des premiers résultats tangibles. Aujourd’hui, le taux de couverture nationale en eau potable est estimé à plus de 80 %. Mais ce n’est pas suffisant. 450 000 ménages doivent être raccordés au réseau de la Société de distribution d’eau de la Côte d’Ivoire (Sodeci).
La seconde phase concerne l’ensemble des projets structurants, comme l’extension et la densification du réseau des grandes villes. Le 17 avril, un contrat a d’ailleurs été signé entre l’État et China Harbour Engineering Company Ltd (CHEC), une société chinoise spécialisée dans les travaux d’ingénierie, d’un montant de 64 milliards de francs CFA pour la réalisation de différents projets d’adduction d’eau. De quoi faire couler plus rapidement l’eau vers les consommateurs. Sont notamment concernés l’extension et le renforcement du réseau de distribution d’eau d’Abidjan, le renforcement de la production par la réalisation de nouveaux forages dans 100 localités, ainsi que l’alimentation en eau potable de 81 localités dans six régions du nord-ouest, centre-ouest et nord. Le gouvernement a changé la donne pour simplifier la vie des particuliers. Dans l’intérêt des ménages les plus pauvres, le coût des branchements sociaux a été considérablement revu à la baisse début 2018, en passant de 147 000 francs CFA par mois à 1 000 francs CFA. La Sodeci a également revu la période de facturation, qui passe de trois mois à deux, afin de permettre aux abonnés d’alterner les mois de paiement pour leurs factures d’eau et d’électricité. Un coup de pouce bienvenu, pour aider les ménages à boucler leurs fins de mois.