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L’agenda

Oum

Par jmdenis - Publié en août 2015
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De la soul-jazz qui se charge d’effluves sahraouis et sur laquelle elle chante en darija. Depuis son premier disque en 2009, Lik’Oum, Oum, née il y a 37 ans à Casablanca, conquiert peu à peu le public international. Nouveau tournant pour celle qui est une figure du Maroc d’aujourd’hui, un quatrième opus, plus dépouillé et intitulé Zarabi, qui sort en septembre et sera suivi de concerts en Égypte et en Europe.

Sa table
C’est tout simplement la mienne ! Je ne cuisine pas tous les jours, mais concocter des petits plats pour ses amis est un acte très beau. À l’occasion de grands moments – une fin de tournée, le lancement d’un disque… –, j’aime faire des « bouffes ». J’adore confectionner une pastilla avec une farce inhabituelle, du foie gras par exemple, pour la touche occidentale. Et pour le dessert, une de mes spécialités, c’est la pannacotta ou le tiramisu « marocanisés » : j’y ajoute des amandes grillées, de la fleur d’oranger ou de la cannelle.

Son bonheur
Me trouver dans le village de M’Hamid el-Ghizlane, la dernière oasis de la vallée du Drâa, aux portes du Sahara. Je m’y sens bien. J’adore participer au festival de musique de Taragalte qui s’y déroule tous les ans, j’ai l’impression d’y chanter devant un groupe d’amis. Zarabi (tapis, en darija) est un hommage aux tisseuses locales qui travaillent à partir de vêtements usagés apportés par une famille, une manière de rassembler sa mémoire vestimentaire. C’est là que j’ai conçu ce disque et que je l’ai enregistré à l’aide d’un studio mobile.

Son hobby
Je peins sur toile et à l’huile. C’est une sorte de respiration, pour prendre du recul. Cette pratique m’a été transmise par mon père qui était lui-même plasticien. C’est très sensoriel la peinture ! Il faut donner envie au spectateur de croquer la couleur, de la sentir, de la toucher, et pas seulement de la voir. Mes tableaux (ci-contre, une de ses œuvres) sont déstructurés, disons abstraits, mais je fais ça en amateur, pour moi. Pas question d’exposer !

Son voyage
Ayant effectué une tournée chargée en juin et juillet – Irlande, Allemagne, Suisse… –, je vais décompresser avec « Monsieur ». On se rend au festival Ozora en Hongrie, début août, mais en tant que spectateurs. C’est un rassemblement très écolo d’amoureux du camping et de musique électro. C’est un endroit vallonné, très beau, très vert. Nous allons y passer quatre jours, histoire de se laisser aller et de rencontrer des gens de l’underground européen : on va danser jusqu’à la transe. Une sorte de thérapie au regard de mon quotidien.

Son shopping
C’est au gré de mes voyages que j’achète mes vêtements. J’ai des pièces qui viennent de Russie ou de Turquie et que j’allie à des éléments marocains. J’aime que les objets aient une seconde vie et que, de ce fait, ils m’en donnent aussi une. J’aime changer d’identité. Il ne faut pas qu’il y ait de frontières entre les diverses personnalités que nous sommes. Ou, si vous préférez, nous ne sommes pas qu’une même humeur. Je rêverais d’allier un kimono japonais, une coiffe du Rif et des bijoux indiens. C’est aussi ça le Maroc contemporain !

Son projet
C’est bien entendu la sortie, le 22 septembre en Europe, de mon nouvel album, Zarabi. Je suis pour la première fois ma propre directrice artistique et c’est un défi. J’avais envie de me rapprocher de ce que je suis, une Marocaine d’origine saharienne. J’ai fait appel à un minimum d’instruments et en particulier renoncé à recourir aux guitares acoustiques et électriques pour obtenir un son plus aéré. J’ai en outre dans l’idée d’interpréter ce disque avec un quatuor à cordes et, qui sait, un orchestre symphonique. Bref, je suis au cœur de Zarabi !

Sa musique
Cela représente des milliers d’albums car je viens de m’abonner au service de streaming Apple, c’est absolument fabuleux pour quelqu’un comme moi qui est avide de sons. Les compilations que l’on me propose me plaisent deux fois sur trois. Avant, je n’étais pas du tout amatrice de streaming, j’adorais le bon vieux CD. Mais s’il y a un album que j’ai particulièrement remarqué, c’est Balbalou, le dernier opus du Sénégalais Cheikh Lô, qui m’a enthousiasmée.

Son bâtiment
Plus jeune, quand j’étudiais l’architecture à Rabat, j’ai tissé une histoire avec la Kasbah de Telouet, située entre Marrakech et Ouarzazate. J’ai préparé mon mémoire sur cet ensemble magnifique où cohabitent plusieurs périodes de constructions berbères du XIXe siècle. Je me suis prise de passion pour ce lieu. C’est durant un de mes séjours que soudain j’ai basculé dans la musique et que j’ai renoncé à une carrière d’architecte. D’où mon attachement à ces édifices.