Aller au contenu principal
Tunisie

Le mariage pour toutes

Par Akram.BELKAÏD - Publié en avril 2017
Share

C’est l’une des plus grandes hypocrisies du monde arabo-musulman. Et c’est aussi une honteuse réalité. Contrairement aux hommes qui peuvent épouser qui bon leur semble, les femmes ne peuvent pas se marier avec des non-musulmans.

Pire, dans certains cas, elles ne peuvent même pas transmettre leur nationalité à leurs enfants quand elles s’unissent avec un musulman d’un autre pays. Dans ce dernier cas, des progrès ont été faits, la Tunisie ayant été une pionnière en ce sens (pour résumer, la fille d’un Marocain et d’une Tunisienne est aussi tunisienne au regard de la loi du pays de sa mère).

Par contre, aucune ouverture n’a été accomplie pour ce qui concerne les mariages inter-religieux. Si une musulmane veut épouser un chrétien, un juif, un hindouiste ou un époux de toute autre confession (ou supposée telle car l’athéisme est une autre paire de manches), il faut que l’intéressé se convertisse à l’islam (et qu’il fournisse un certificat en ce sens…). Ce qu’il fait le plus souvent, histoire de lever les obstacles administratifs et sans que personne ne soit dupe de la sincérité de cette entrée dans l’oumma.

Cette inégalité devant le mariage est un scandale car nombre de musulmanes mariées à des non-musulmans demeurent considérées comme des célibataires par leurs pays voire des filles mères quand elles ont des enfants de cette union. On imagine aisément les dégâts que ce genre de situation peut provoquer.

Aussi, il faut saluer l’initiative d’une coalition d’associations tunisiennes qui exige le retrait d’une circulaire de 1974 interdisant le mariage des Tunisiennes musulmanes avec des non-musulmans. Pour elles, ce genre de dispositif viole la liberté de conscience inscrite dans la Constitution de 2014. L’affaire est néanmoins loin d’être gagnée. Sur la Toile, la démarche a provoqué des commentaires rageurs, y compris de femmes. Quant aux autorités tunisiennes, elles bottent prudemment en touche tandis que les responsables religieux rappellent que la charia est la charia et qu’elle interdit de tels mariages.