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Moïse Katumbi

Par Sabine.CESSOU - Publié en avril 2016
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EX-GOUVERNEUR DU KATANGA

« Nous devons faire en sorte que la première alternance démocratique soit une réussite »

Gouverneur du Katanga de 2007 à 2015, ex-allié de Joseph Kabila, patron de l’équipe de football le Tout-Puissant Mazembe, cet homme d’affaires né en 1964 se positionne comme le principal challenger pour l’élection de novembre 2016.

AM : Quelle est votre appréciation du bilan de Joseph Kabila ?
Moïse Katumbi : Son grand bilan aura été d’organiser des élections libres et démocratiques, alors que le Congo était en guerre. Il a posé le socle du développement de la RDC. Cette fondation a fait couler beaucoup de sang. Il ne faut pas la détruire, ni suivre de mauvais conseils. Le président est encore jeune. Il peut très bien revenir au pouvoir au bout de cinq ans.

Faut-il redouter une crise en 2016 s’il refuse de partir ?
Tout dépend de lui. Jusque-là, il n’a rien dit. J’espère qu’il écoutera la voix du peuple, sans quoi la RDC va devenir un enfer, passé le 19 décembre 2016. Nous devons faire en sorte que la première alternance démocratique soit une réussite. Je serai le premier à applaudir le président s’il part. Nous ne sommes pas des ennemis, mais des adversaires politiques.

Le fait que vous ayez vendu votre société à Necotrans vous permet-il de lever une armée ?
Je suis un catholique. Pas un jour, du temps de Jean-Pierre Bemba ou d’autres rebelles, on ne m’a vu dans la brousse, alors que j’avais des mines d’émeraude et une société de transport. Jamais on ne me verra utiliser mon argent pour faire couler le sang. Au contraire, je veux aider mes compatriotes, construire des écoles et réhabiliter des hôpitaux. Le pouvoir n’est pas dirigé par les armes. La plus grande armée du monde, c’est le peuple.

Votre vie est-elle en danger ?
Nous vivons dans le danger. J’ai porté plainte contre un homme qui est venu à deux reprises à l’école française de Lubumbashi prendre mes enfants et leur chauffeur en photo. Faisons de la politique, ne versons pas dans la haine ! Tuer des gens pour rester au pouvoir me donne envie de vomir. Comment qualifier ce qui se passe au Burundi ? Un jour, les responsables devront rendre compte de leurs actes, comme Hissène Habré…

Quel est votre message à la communauté internationale ?
Mieux vaut prévenir que guérir. Le débat congolais n’est pas ignoré, de même que les précédents que représentent Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo. Nous devons éviter la crise, pour ne pas voir les Congolais marcher jusqu’en Europe. Le pouvoir demande à la Monusco de quitter la RDC, mais j’espère qu’elle va y rester, car le pays n’est pas stable. On tue partout, tous les jours…