La course s’accélère afin d’élaborer un vaccin efficace, seule solution à long terme pour vaincre le nouveau coronavirus. Les États occidentaux ayant passé commande de milliards de doses, les pays africains risquent de se retrouver les derniers servis. L’OMS a donc lancé l’initiative COVAX afin de sécuriser un accès équitable. La solidarité mondiale triomphera-t-elle des égoïsmes nationaux ?
L’Afrique résiste mieux que prévu à la pandémie. Les scénarios apocalyptiques esquissés en début d’année ne se sont pas concrétisés. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) comptabilise 1,3 million de cas et 31 000 décès (dont la moitié en Afrique du Sud) pour environ 1,3 milliard d’habitants. Même s’il est probablement sous-évalué, ce bilan demeure relativement faible : à titre de comparaison, les États-Unis totalisent plus de 7,2 millions de cas et près de 210 000 décès pour 334 millions d’Américains. Coordinateur de la vaccination en Afrique pour l’OMS, le docteur Richard Mihigo a relevé, lors d’un point presse le 3 septembre, « une tendance générale au reflux des nouveaux cas ». Mais il appelle cependant à la prudence : « D’autres pays et régions ont connu des déclins pour subir plus tard une montée en flèche. Ces poussées vont probablement continuer jusqu’à ce que nous trouvions un vaccin sûr et efficace. » À long terme, l’unique panacée face au nouveau coronavirus. Jamais un vaccin n’aura soulevé autant d’enjeux, à la mesure de la crise économique provoquée par la pandémie, dont le Fonds monétaire international (FMI) estime le coût à 375 milliards de dollars par mois. « Ce vaccin n’a pas une valeur seulement sanitaire, mais aussi économique et géopolitique, rappelle à Afrique Magazine Frédéric Bizard, spécialiste des questions de santé. Avancer, ne serait-ce que de quelques mois, le retour à une vie économique et sociale normale représente un enjeu majeur. » « La paralysie traumatique du confinement décidé en mars dernier place le sujet très haut sur l’agenda des chefs d’État », ajoute Nathalie Ernoult, responsable plaidoyer à Médecins sans frontières (MSF) pour la campagne d’accès aux médicaments essentiels.
L’OMS recense 180 projets de vaccins contre le nouveau coronavirus, dont 35 en phase d’essais cliniques. Or, absolument rien ne garantit leur succès : début septembre, AstraZeneca, dont le projet élaboré en partenariat avec l’université d’Oxford est présenté comme l’un des plus prometteurs, a dû suspendre quelques jours ses essais cliniques de phase III, après des complications survenues chez un patient volontaire… L’idée de l’initiative COVAX est donc de mutualiser les risques en participant au financement d’une dizaine de projets. C’est mathématiquement plus sûr que de signer un coûteux deal bilatéral exclusif sur une ou deux études, avec le risque de miser sur le « mauvais cheval ». La COVAX appuie pour le moment neuf projets, développés par Inovio (États-Unis), Moderna (États-Unis), CureVac (Allemagne), Institut Pasteur-Merck-Themis (France, États-Unis, Autriche), AstraZeneca-Oxford (Royaume-Uni), l’université de Hong Kong, Novavax (États-Unis), Clover (Chine) et l’université du Queensland (Australie). Sept sont en phase d’essais cliniques, dont deux testés en Afrique du Sud (AstraZeneca et Novavax). Neuf autres sont à l’étude. Idéalement, la GAVI voudrait mettre trois vaccins à la disposition des pays participants : les doses seraient ensuite réparties entre États bénéficiaires, proportionnellement à leur population. Esquisser dès aujourd’hui une fourchette de prix est hasardeux : tout dépendra du vaccin et de son fabricant. « Le projet de vaccin à ARN messager sur lequel travaille Moderna est beaucoup plus compliqué à produire, donc plus cher », précise Frédéric Bizard. Le laboratoire américain envisage ainsi de le vendre au moins 50 dollars aux pays riches… Sanofi et GlaxoSmithKline, eux, parlent de moins de 10 euros la dose, et AstraZeneca de 2,50 euros.
Les promoteurs de la COVAX soulignent que les deals bilatéraux signés entre États et firmes afin de précommander des centaines de millions de doses apportent « un risque de surenchère ». L’initiative doit recevoir ses premiers versements à partir du 9 octobre. La Commission européenne a promis 400 millions d’euros. Le COVAX AMC a collecté jusqu’ici 700 millions de dollars sur un objectif de 2 milliards pour 2020, et au moins 3,4 milliards pour 2021… Insuffisant et inquiétant : « Le COVAX AMC a besoin d’argent frais afin de négocier les achats avec l’industrie pharmaceutique, prévient Suerie Moon, codirectrice du Centre de santé global à l’Institut de hautes études internationales et du développement, à Genève. Du point de vue des industriels, il vaut mieux signer avec des pays riches qui payent cash et précommandent des millions de doses qu’avec une COVAX qui promet de payer un jour, mais demeure désargentée ! »
Parmi les économies les plus développées, les pays européens, le Japon et les pays du Golfe ont souscrit à l’initiative. « Un accès équitable au vaccin est la clef pour vaincre le virus, a rappelé le Premier ministre suédois Stefan Löfven. Ce ne peut pas être une course avec une poignée de gagnants. » Mais les trois grands préfèrent faire cavaliers seuls : la Chine, la Russie et, sans surprise, les États-Unis (qui ont claqué la porte de l’OMS « prochinoise »)… Lors d’une visioconférence organisée le 4 septembre, John Nkengasong, directeur du Centre africain de prévention et de contrôle des maladies, a tenté de convaincre les réticents : « Nous sommes tous ensemble là-dedans » – c’est-à-dire dans la même panade. Le virus se jouant des frontières, « aucun pays ne sera en sécurité tant qu’un seul pays connaîtra encore des cas de Covid-19. Toutes les nations devraient se tendre la main dans un effort global pour se procurer et distribuer les vaccins », a-t-il insisté. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a renchéri : il sera « plus efficace de vacciner 20 % d’habitants dans chaque pays plutôt que 100 % dans une poignée de pays ». « Malheureusement, certains gouvernements refusent d’entendre ces arguments rationnels, commente à Afrique Magazine Suerie Moon. Ils voient le court terme – souvent une échéance électorale –, et non le long terme – la santé globale, les relations internationales. Leur attitude égoïste aura des conséquences à long terme : la diplomatie n’oubliera pas. » Et de suggérer aux chefs d’État africains « de donner de la voix afin de protester contre cette situation ».
Un disque passionnant qui reflète toute la VIVACITÉ de la scène d’Afrique du Sud.C’EST UN CRI DU CŒUR COLLECTIF. Mais qui n’aurait sans doute pas eu lieu sans le duo sud-africain formé par la pianiste Thandi Ntuli et le chanteur Siyabonga Mthembu (lequel est connu pour son rôle dans les groupes The Brother Moves On et The Ancestors).
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