Afro-capitale

D’un petit village ébrié de quelques centaines d’âmes, Abidjan est devenue en moins d’un siècle une métropole de plus de six millions d’habitants. C’est la troisième ville francophone du monde, après Kinshasa et Paris. C’est le centre névralgique de la Côte d’Ivoire, représentant plus de 60% du PIB du pays. L’«afro-capitale» s’impose aussi comme une place culturelle forte, un lieu impressionnant de métissage, attirant les talents et les ambitions de tout le continent et au-delà. Babi donne le ton. Depuis 2011, sous l’impulsion du président Alassane Ouattara, la perle des Lagunes connaît une croissance fulgurante. La ville s’étend, avec probablement 10 millions de citadins si l’on compte ses frontières «larges», de Jacqueville à Assinie. Le skyline du Plateau, le quartier des affaires, se précise, et bientôt, la Tour F, conçue par l’architecte Pierre Fakhoury, pourra s’enorgueillir d’être l’une des plus hautes d’Afrique. Pour faire face à ce dynamisme, la cité est en chantier permanent. Il faut à la fois corriger les erreurs du passé, penser le présent et imaginer la mégalopole du futur: construction du 3e , du 4e et du 5e pont, multiplication des échangeurs, réalisation du périphérique, démarrage du chantier du métro, mise en place du BRT, lancement d’un projet d’extension de l’aéroport… Il faut tenir compte aussi des inégalités qui se creusent entre ceux d’en haut et ceux d’en bas, résoudre les problèmes souvent inextricables du logement pour tous et du foncier. Intégrer, enfin, le défi immense du changement climatique et de la croissance durable. À tout point de vue, le projet Abidjan est spectaculaire, à la mesure des ambitions du pays. Babi avance la tête haute, puissante et fragile, inscrite dans un tissu urbain unique au monde, celui qui se crée tout au long de la côte jusqu’à NA Lagos, en passant par Accra, Lomé, Cotonou…