Abidjan,
capitale des services
La mégapole est aussi un vivier d’innovations et n’a de cesse de s’adapter aux enjeux globaux de la digitalisation.
Depuis l’avènement des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle, il est de plus en plus difficile de vivre sans cliquer sur le clavier de son téléphone ou de son ordinateur. Une manne inespérée pour les entrepreneurs 2.0, comme Reine Boga Doudou: «Tous les secteurs d’activité passent par la digitalisation et l’accès aux réseaux sociaux», explique-t-elle. Yango, Uber ou Heetch en matière de VTC, Glovo et Jumia pour les livraisons diverses… Et tant d’autres! Sans compter les nombreux opérateurs téléphoniques, tels que Moov, Orange, Wave ou MTN, spécialistes de transfert d’argent et de paiement mobile. Ces sociétés venues de l’extérieur sont entrées dans le quotidien des Ivoiriens en un clic! Ainsi, des expressions comme «devenir Glover» ou «attendre son Yango» sont désormais courantes.
Reine Boga Doudou, 32 ans, experte-comptable de profession, n’a développé son «business d’à côté» que parce que Glovo, entreprise spécialisée dans la livraison de repas à domicile, existe. Sa marque Barbecue Royal, spécialisée dans les grillades, fonctionne sous la forme d’un service de traiteur haut de gamme. Au moyen de l’application, depuis son bureau de manager, elle coordonne son activité. Il lui suffit de faire appel à un coursier de Glovo. Ce dernier réceptionne et livre les plats commandés par les clients, selon une procédure qui permet en outre à l’entrepreneure de sécuriser ses bénéfices. «Glovo m’assure une meilleure traçabilité au niveau de mes ventes. Pour cela, je leur donne 26% sur chaque commande», affirme-t-elle.
Lancée sur le marché ivoirien en 2019, Glovo livre à la demande par le biais de son application mobile. Sa politique managériale consiste à nouer des partenariats avec des TPE et des PME à travers le pays. D’autre part, l’entreprise, qui emploie désormais un millier de coursiers, s’est déployée dans plusieurs grandes villes, comme Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, San-Pédro…
Quant à Jumia, créée en 2012, spécialisée dans la vente en ligne, c’est une vaste «marketplace» qui connecte vendeurs, acheteurs, recycleurs, et qui assure la livraison de millions de colis sous la forme d’un service de paiement sécurisé facilitant les transactions.
UNE ASSISTANCE À PORTÉE DE CLIC
Les VTC, pour leur part, se sont durablement implantés dans la capitale économique ivoirienne, et de façon si spectaculaire qu’en mai dernier, le gouvernement a pris la décision de les réguler. Seul choix possible face à un secteur qui connaît un boom sans précédent. Yango le russe, Uber l’américain, ou encore Heetch le français… Ces marques font partie du paysage routier d’Abidjan depuis quelques années et représentent une sérieuse concurrence face aux taxis traditionnels (taxis orange et wôrô-wôrô). Yango, appartenant à la firme Yandex, entreprise de services de covoiturage internationale, installée depuis 2018 à Abidjan, a développé des services de transport à la demande, des produits de navigation et d’autres applications de pointe. Son arrivée a changé le paysage. Très rapidement, Yango connaît une forte croissance, étant synonyme de voyages rapides, confortables et sûrs en compagnie de chauffeurs (dont des femmes), bien formés et avec un bon niveau d’études.
Un an plus tard, en 2019, un nouveau venu fait son entrée avec le slogan: «Abidjan, votre Uber arrive.» Misant aussi sur la sécurité et la fiabilité de son application, l’américain, «abordable d’un simple clic», lance une autre offre permettant d’effectuer des courses. Ses dirigeants ont estimé que, «Abidjan, avec ses 5 millions d’habitants et ses transports publics limités», était une ville de taille parfaite pour lancer ce service.
Heetch, dont les taxis-motos ont été suspendus par les autorités ivoiriennes en décembre 2019 pour des raisons de sécurité, est revenu en force en mai 2022. Tentant de se faire une place entre Yango et Uber, la start-up française pratique des coûts réduits pour les courses, et propose 0% de commission à ses chauffeurs et un paiement en espèces ou par carte bancaire.
Les habitudes et les mentalités de la majorité des Ivoiriens ces dernières années montrent qu’ils sont à la pointe du progrès. Grâce à une utilisation active et régulière de services innovants, qui leur permettent d’économiser de l’argent, de se déplacer ou de manger dans les lieux qu’ils désirent… La population a changé. Aujourd’hui, connaître son itinéraire de navigation grâce au GPS est devenu la norme. Régler sa facture d’eau ou d’électricité par le biais de ses comptes bancaires en ligne, c’est faire preuve d’intelligence et de modernisme. Rendre compte de son actualité, qu’elle soit professionnelle, sociale ou personnelle, sur les réseaux sociaux, n’est pas seulement dans l’air du temps, c’est un nouvel art de vivre.