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Ali Guelleh Aboubaker
« Des réformes pour attirer plus de partenaires »

Par - Publié en juin 2018
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Ministre auprès de la présidence en charge des Investissements, l’ex-chef de cabinet d’Ismaïl Omar Guelleh (aucun lien de parenté, malgré l’homonymie !) est un poids lourd du gouvernement dont la prise de parole publique est rare. Pour Afrique Magazine, il fait exception.

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AM : Pouvez-vous nous faire le bilan de la plateforme du Guichet unique, une année après le lancement officiel de ses opérations, en mars 2017 ?

Ali Guelleh Aboubaker : Il est encore trop tôt pour faire le bilan puisque le Guichet unique vient à peine de souffler sa première bougie. Cependant, vu les améliorations et facilités que cette plateforme procure, sa mise en place satisfait pleinement à l’attente des investisseurs. Si le rapport « Doing Business » 2018 accorde à notre pays un bond de 17 places dans son classement, cette institution y est pour quelque chose. Depuis son avènement, la création d’entreprise n’est plus un parcours du combattant. Nous poursuivrons pour autant cette dynamique des réformes afin d’améliorer l’attractivité de la destination Djibouti pour les investisseurs.

 
La décision de l’annulation du contrat de concession accordé à DP World peut-elle avoir un impact sur le classement de Djibouti dans le rapport « Doing Business » 2019 ?
Je ne le pense pas. C’est une décision commerciale qui clôture un litige qui prenait en otage notre économie. Ce contrat, mal négocié à l’origine, comportait des contraintes portant gravement atteinte à la souveraineté du pays. Imaginez un peu, seul DP World avait l’exclusivité d’investir dans les infrastructures portuaires du pays. Si on avait accepté ce « diktat », nous n’aurions pas aujourd’hui le port minéralier du Goubet, ni celui de Tadjourah et encore moins l’immense projet que nous avons signé, le 13 mai, avec le groupe chinois Poly-GCL et qui prévoit, entre autres, la réalisation d’un terminal gazier à Damerjog.
 
L’investissement est porté par le secteur public ou garanti par l’État. Comment susciter les investissements directs étrangers (IDE) ou l’initiative privée ?
Dans nombre de pays du Sud, il y a deux dynamiques à impulser pour attirer le maximum d’investissements. La première est relative au dialogue public-privé. La configuration de notre économie, qui est basée sur les services et la logistique avec l’objectif de devenir un hub régional, a besoin d’infrastructures de haute performance. L’État doit jouer son rôle pour qu’un partenariat public-privé les développe, et c’est ce que nous faisons. La deuxième option que nous mettons sur pied, est de créer des cadres incitatifs à l’éclosion des PME. Là aussi, il y a des secteurs à fortes potentialités qui peuvent se structurer et créer des emplois grâce à ces PME. Je pense notamment au tourisme, à l’hôtellerie, mais également à la pêche.
 
Le projet de terminal gazier à Damerjog que vous venez de citer est estimé à près de 4 milliards de dollars, c’est le premier investissement de cet ordre. Autre première, il ne concerne pas les services. L’industrie est-elle en train de créer la diversification de votre économie ?
C’est un projet ambitieux qui aura un impact global sur notre économie. Avec des créations d’emplois, mais aussi une baisse sensible des prix de l’énergie. Notre économie, dominée par le secteur tertiaire, a besoin de se diversifier. Notamment par la mise en place de petites unités de transformation. C’est pourquoi le gouvernement a lancé le grand projet de la grande zone franche commerciale et industrielle, baptisé International Djibouti Industrial Parks Opération (IDIPO), qui devrait être inaugurée dans quelque mois.