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BD

|Au bout du fleuve|, une bande dessinée époustouflante

Par Alexandra Gil - Publié en mars 2017
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L’auteur Jean-Denis Pendanx nous entraîne dans un voyage Béninois époustouflant et angoissant.
 
Au bout du fleuve est un hommage à l’espoir. Celui du jeune Kémi, un Béninois dont le père a été tué dans l’explosion de sa moto alors qu’il transportait de l’essence frelatée (« kpayo ») destinée à la contrebande. Ce n’est pas le premier deuil dans la courte vie de notre protagoniste, lui qui a perdu sa mère quand il était bébé et subit, depuis huit mois, l’absence de son frère jumeau Yao, arrêté par la police et disparu depuis. Le rite vaudou dit que perdre son jumeau revient à perdre la moitié de son âme. C’est pourquoi le jeune homme va entreprendre un voyage sans repos en quête de réponses. Où est passé Yao ? Il existe une seule façon de le découvrir : suivre ses pas vers le delta du Niger.
 
C’est ainsi que Jean-Denis Pendanx, l’auteur de cette bande dessinée, nous embarque dans un périple d’ombres et de lumières, de Cotonou à Makoko en passant par Ganvié. L’espoir du jeune Kémi devient très vite celui du lecteur, qui se voit plonger dans l’évocation époustouflante d’une Afrique apocalyptique. Les bidonvilles, le trafic de pétrole, la violence et la survie feront partie du décor de ce voyage qui n’a qu’un but : retrouver Yao et le ramener à la maison. L’aventure du courageux Kémi devient à la fois un prétexte pour nous transmettre les croyances et le fétichisme qui animent chacun des personnages qu’il croise sur son chemin. Mais pas que. Le périple permet d’évoquer les problèmes environnementaux, la corruption et la misère à laquelle font face les populations ou encore l’exploitation que certains grands groupes industriels y exercent sans prêter attention à la destruction des ressources naturelles.
 
Ce n’est pas la première fois que Jean-Denis Pendanx met en scène une Afrique qu’il connaît par cœur, pour y avoir vécu. Ses bandes dessinées Abdallahi et Les Corruptibles s’y déroulaient également. Mais dans Au bout du fleuve, le dessinateur signe pour la première fois le scénario, et donne naissance à une histoire qui se tient à mi-chemin entre la fiction et le reportage. La force de son style pictural fait en sorte que l’aventure du jeune Kémi, au fil des pages, devienne, en plus, une exposition graphique à part entière. Un musée d’une Afrique que l’on ne pourrait connaître qu’à bord des pirogues comme celles que le jeune homme enchaînera pour aller jusqu’au bout de son aventure…