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Découverte / Côte d’Ivoire

Au service
d’un plan durable

Par Dominique Mobioh Ezoua - Publié en octobre 2023
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Le pays privilégie le mix énergétique à l’utilisation du charbon pour sa production d’électricité. NABIL ZORKOT
Le pays privilégie le mix énergétique à l’utilisation du charbon pour sa production d’électricité. NABIL ZORKOT

Une réelle politique a été mise en place pour maintenir et sauvegarder l’environnement, ainsi que les différents équilibres écologiques nationaux.

Le Plan national de développement (PND) 2021-2025, à travers ses différentes articulations, révèle pleinement cette dynamique. «Durabilité permanente et performance» sont les mots sans cesse choisis par les autorités publiques et administratives pour louer les initiatives, les projets et les autres réalisations qui constituent leurs cahiers des charges respectifs. Pour elles, «la réalité du développement durable, dans de très nombreux secteurs, est plus que perceptible: elle est réelle».

Ce sont ainsi plus de 59000 milliards de FCFA que l’État a décidé de consacrer au financement de ce PND. Pour améliorer l’accès des populations à l’éducation, grâce à la gratuité et à l’obligation de la scolarisation pour tous, à la construction de plus d’écoles et d’universités. Il existe également, parmi les objectifs à atteindre, la facilitation de l’accès de tous les Ivoiriens à l’eau potable et à l’électricité, qu’il est prévu de pouvoir installer dans tous les villages du pays d’ici à 2025.

Des investissements notables sont aussi effectués pour multiplier les infrastructures sanitaires en vue de permettre au plus grand nombre de bénéficier d’un large éventail de soins médicaux de qualité. On n’oublie pas non plus, leitmotiv historique par ailleurs, la création de davantage d’emplois…

Une femme contribue au reboisement de la forêt classée de la Téné, véritable symbole de la lutte contre la déforestation. DR
Une femme contribue au reboisement de la forêt classée de la Téné, véritable symbole de la lutte contre la déforestation. DR

La transformation structurelle de l’économie, enjeu déterminant du développement durable dans le pays, reste sur sa trajectoire de base: celle qui consiste à accentuer la production industrielle locale. Cela passe notamment par une augmentation efficiente du taux de transformation des grandes productions agricoles, telles que la transformation du cacao. Ainsi, à ce jour, la quantité de fèves de cacao transformées à l’échelle nationale est passée de 25% à plus de 30%. Il est prévu d’ici à 2030 de porter ce taux à 50%, entraînant un potentiel encore plus important d’employabilité.

Dans la poursuite de cette optique d’assurer une plus grande impulsion à l’industrie locale, des facilités financières et fiscales sont accordées au secteur privé, considéré par l’État comme «le fer de lance du renouveau industriel», qui devra porter plus haut l’économie nationale, avec une croissance en perpétuelle hausse. La richesse nouvelle qui en résulte est distribuée sous diverses formes, dont les plus pertinentes sont les Programmes sociaux du gouvernement, PSGouv 1 et 2, qui ont l’ambition de toucher des milliers de personnes à travers des assistances financières mensuelles, comme les filets sociaux. On peut également citer le Programme emplois jeunes, avec la mise à disposition de plus de 361 milliards de FCFA en faveur de la jeunesse tout au long de cette année. À ce titre, le président de la République Alassane Ouattara et l’ensemble de son gouvernement ont décrété que 2023 était l’«année de la jeunesse». Ici, la distribution de la richesse est faite par l’entremise de financements de projets économiques «pour l’accomplissement de soi», ou encore de financements d’activités grâce à des formations professionnelles de haut niveau en faveur des jeunes.

UN CADRE DE SAINE ÉVOLUTION

La mise en avant de la protection de l’environnement est bel et bien réelle, car la Côte d’Ivoire a fait le pari de maintenir et de protéger en permanence les différents équilibres écologiques. Aujourd’hui, la gestion et le traitement des déchets sont bien mieux maîtrisés que par le passé. On se souvient encore combien Abidjan, la plus grande agglomération urbaine du pays, était un casse-tête pour les autorités en matière de collecte et de ramassage des ordures ménagères. Désormais, ces tâches sont confiées à des opérateurs privés, plus outillés et plus professionnels. Ainsi, assistons-nous de moins en moins à la formation de dépôts sauvages d’ordures, qui avaient, pendant la longue période de la crise politique des années 2010, favorisé le développement d’épidémies de fièvre typhoïde et de paludisme.

Autre aspect en progression: les programmes sectoriels pour l’aménagement et la protection des 234 forêts classées ainsi que des huit parcs nationaux et des six réserves de faune que compte le pays. Le but recherché est de faire en sorte que tous les massifs forestiers continuent d’assurer de façon efficiente le maintien des équilibres écologiques et la bonne régulation du climat. Ils sont indispensables, par ailleurs, pour assurer les bonnes pratiques agricoles dans toutes les régions. En mai 2022, l’État s’est engagé dans l’élaboration d’un important programme de lutte contre la désertification et la sécheresse baptisé «Abidjan Legacy Program». Ceci à l’occasion de la 15e Conférence des parties (COP15), organisée à Abidjan par la Convention-cadre des Nations unies et dédiée à la lutte contre la désertification et la sécheresse. Un engagement qui vise à accroître la couverture forestière du pays d’ici à 2030, et à favoriser la protection des différentes composantes de la biodiversité, donc des ressources naturelles.

Le président Ouattara lors de la cérémonie d’ouverture de la COP15, à Abidjan, le 9 mai 2022. SIA KAMBOU/AFP
Le président Ouattara lors de la cérémonie d’ouverture de la COP15, à Abidjan, le 9 mai 2022. SIA KAMBOU/AFP

DES OBJECTIFS CONCRETS

Par ailleurs, le Programme national de lutte contre les changements climatiques est initié depuis 2012, avec des axes stratégiques d’exécution. L’idée est de faire en sorte que la Côte d’Ivoire puisse s’adapter aux conséquences du phénomène et qu’elle puisse en atténuer les effets par l’entremise de projets élaborés à ce titre. C’est dans ce cadre que le pays s’emploie à réduire depuis 2021, et ce jusqu’en 2030, son empreinte carbone à travers une diminution de 30,41% de ses émissions de gaz à effet de serre. Ses Contributions déterminées au plan national (CDN), qui ont été ainsi révisées, accordent désormais une place de choix à l’entretien et à la protection des forêts, en vue de les rendre plus à même de séquestrer le maximum de carbone.

Le mix énergétique est également préconisé, au détriment du charbon minéral, pour la production du courant électrique. Une importante quantité d’énergies renouvelables, estimée à 45%, sera utilisée à cet effet. La toute première centrale de production d’électricité à partir de l’énergie solaire sera bientôt fonctionnelle à Boundiali, ville du nord, avec une production annuelle de 64 GWh. Cette réalisation fondamentale dans l’ensemble des actions allant dans le sens du développement durable va faciliter l’électrification publique de plusieurs villages et de 40000 ménages. Comme un effet domino, la construction de ladite centrale est suivie par la mise en place d’autres chantiers, à Odienné, toujours dans le nord, puis à Katiola, dans le centre, ainsi qu’à Bondoukou, à l’est.

D’autre part, depuis 2020, la promotion de l’économie circulaire comme modèle économique favorisant la protection des ressources a été décidée. Elle est notamment matérialisée par l’ouverture de l’Institut de l’économie circulaire d’Abidjan (IECA), qui a pour mission de vulgariser les concepts de base de cette économie, ainsi que d’organiser et de moderniser les différentes activités faisant l’objet de la circularité. L’IECA œuvre aussi pour l’implication des collectivités décentralisées du pays dans le développement de ses activités en vue d’en faire des sources d’emploi potentielles, avec comme substrat économique le développement de petites unités industrielles locales de recyclage, de transformation et d’écoconception, etc.

Garantir un cadre de vie plus sain et une évolution écologique, économique et sociale à la population. C’est bel et bien l’objectif que poursuivent les différentes composantes du gouvernement. La Côte d’Ivoire gagnera-t-elle le pari d’un meilleur équilibre environnemental? Les années à venir nous le diront.