Bâtisseurs d’avenir

Un grand open space, une dizaine de maquettes éparpillées et de paires d’yeux rivés sur des écrans d’ordinateur, bienvenue dans le burea parisien de l’agence Kilo, fondée en 2001 par Tarik Oualalou et son épouse Linna Choi, Américaine d’origine coréenne. « En architecture, on peut travailler sur plusieurs projets à la fois », commente Tarik. En l’occurrence, actuellement, une trentaine de chantiers, des Caraïbes à la Côte d’Ivoire. Et c’est sur ces « pierres » que Kilo bâtit son nom. Ses premiers faits d’armes : le Maroc, avec l’aménagement de la place Pietri, en 2008, à Rabat. Et la création du musée Volubilis, à Meknès, deux ans plus tard. Mais la grande fierté de l’agence, c’est d’avoir conçu le pavillon du Maroc lors de la Biennale d’architecture de Venise en 2014. La première apparition d’une nation africaine à cette prestigieuse manifestation !
Tarik, Rbati de 37 ans, n’a jamais su dessiner comme la plupart de ses confrères. « Ce qui me passionnait dans ce métier, c’était la possibilité de fréquenter aussi bien l’élite que de simples ouvriers. » Bac au pays, études supérieures en France (diplôme de l’École d’architecture de Paris-Malaquais) et une imprégnation culturelle française marquée. « Mon travail, c’est aussi de construire des choses à l’intersection de plusieurs cultures. » Telle la sublime tente, intitulée Flij, qu’il a installée à Paris, fin 2014, au pied de l’Institut du monde arabe, à l’occasion de l’exposition Le Maroc contemporain. « Sa forme est novatrice, tout en étant fabriquée avec du tissu traditionnel marocain, “acclimaté” par des artisans français. » Mais Tarik tire déjà des plans sur une autre comète : il a conçu le pavillon marocain à l’Exposition universelle de 2015, à Milan, qui s’ouvrira en mai. « En architecture, notre seule véritable tradition depuis près d’un siècle, c’est la modernité. Casablanca a toujours été une des villes les plus riches au monde en la matière. » Tarik fait d’ailleurs le point sur cette histoire et sur la nouvelle génération de bâtisseurs dans un livre, Résistances et résignations : architectures au Maroc 2004-2014 (AAM), publié en décembre dernier. « Nous sommes toujours la scène la plus pléthorique du continent et il n’y a pas encore de grands talents, mais quel beau terreau ! »
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