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Découverte / Côte d’Ivoire

Cap sur l’entreprise

Par Philippe Di Nacera - Publié en juillet 2024
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Avec une croissance annuelle autour de 7%, la Côte d’Ivoire a changé de visage en quinze ans. Pour soutenir ce rythme et créer plus d’emplois, il faut maintenant fortement investir dans l’entrepreneuriat, l’industrialisation, la transformation et la valorisation des ressources nationales.

​​​​​​​Le taux de chômage en Côte d’Ivoire était estimé à 9% en 2022, dans les zones urbaines. Un chiffre soumis à de fortes variations selon les sources et les méthodes de calcul utilisées. Et si l’on tient compte des zones rurales et du nombre de personnes qui ne cherchent pas activement un emploi*, l’inactivité est beaucoup plus importante.

Dès son arrivée au pouvoir, Alassane Ouattara a défini une stratégie de création d’emplois qui repose sur la croissance économique et s’appuie sur le développement du secteur privé. D’où la très forte ouverture aux investisseurs étrangers et l’action volontariste sur l’amélioration du climat des affaires (facilitation des démarches pour fonder des entreprises, création d’un guichet unique, mise en place d’un tribunal de commerce, etc.). De sorte que la Côte d’Ivoire a progressé dans le classement Doing Business de la Banque mondiale, passant de la 177e place sur 185 pays en 2012, à la 110e sur 190 pays en 2020.

Cette stratégie a pour but la mise en œuvre d’une politique économique profilée pour l’emploi. Il s’agit de renforcer le secteur de l’éducation et de la formation (école obligatoire, réforme de la formation professionnelle), d’encourager l’entrepreneuriat (notamment des jeunes et des femmes), de développer les infrastructures, de soutenir les secteurs en croissance, tout en s’appuyant sur les traditionnels points forts de l’économie: l’agriculture (16,7% du PIB et 45% de la population active), l’industrie (22% du PIB et 10% de la population active) et les services (53,7% du PIB et 44% de la main-d’œuvre).

Le Plan national de développement 2021-2025 a clairement mis le cap sur l’industrialisation et la transformation sur place des matières premières. La découverte récente d’importants gisements de pétrole et de minerais rares devrait également soutenir la croissance à long terme et créer des emplois supplémentaires.

Les PME qui, en Côte d’Ivoire comme ailleurs, pourvoient le plus d’emplois, sont soignées par l’État. Et elles seront 8000 à être «accompagnées» en 2024, a annoncé le directeur général du Guichet unique de développement des PME (GUDE-PME). En clair, celui qui vise 80000 PME sur cinq ans et la création de 705000 emplois avec un financement de 160 milliards de FCFA annonce des financements et du coaching pour les petites et moyennes entreprises.

DES ABOUTISSEMENTS CONCRETS

En premier lieu, l’agro-industrie est, pour le premier producteur de cacao au monde, une évidence. Mais le gouvernement veut aussi développer les secteurs du textile et l’industrie manufacturière légère. Des mesures incitatives sont mises en place pour attirer les investissements, comme des réductions d’impôts, des facilités d’accès au crédit, ou encore des programmes de formation professionnelle pour améliorer les compétences des travailleurs. Concrètement, le gouvernement a levé en juin 2024 un fonds de 108,2 milliards de FCFA pour le financement du programme Diversification, accélération industrielle, compétitivité et emploi (DAICE).

Dans la pratique, l’action du gouvernement explore tous les secteurs d’activité. Par exemple, neuf projets d’agropoles, à savoir la création de pôles agro-industriels, sont prévus sur l’ensemble du territoire d’ici 2030. Il s’agit «d’atteindre la souveraineté alimentaire du pays et de créer de nombreux emplois», selon le ministère d’État, ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions. Deux sont déjà opérationnels (l’agropole du Bélier et l’agropole Nord). L’agropole Nord-est sera finalisée en 2024 et deux autres, Nord-ouest et Daloa, feront l’objet d’études à partir de 2025. Dans le Bélier, le pôle a permis la réhabilitation de 25 barrages, la mise en valeur de 2000 hectares de riz, de sept marchés ruraux, la création de 24 locaux d’entreposage, de deux centres de groupage, et la formation de près de 800 jeunes.

De même, l’État ambitionne de faire de la Côte d’Ivoire un «hub régional intégré de l’industrie textile, à l’horizon 2030, pour générer 61000 emplois qualifiés», a affirmé le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Amadou Coulibaly, à l’issue du Conseil des ministres, le 12 juin 2024. Le secteur du tourisme, qui contribue au PIB à hauteur de 7,3%, est un autre axe prioritaire pour développer l’emploi. Déjà troisième destination de tourisme d’affaires en Afrique, après le Nigeria et le Maroc, la Côte d’Ivoire augmente largement ses capacités d’accueil – la Coupe d’Afrique des nations y a largement contribué – et souhaite développer le tourisme à l’intérieur du pays. La volonté de diversification sectorielle va jusqu’à la culture: le gouvernement a lancé le 18 mai 2024 un fonds de financement de 1 milliard de FCFA dédié aux artistes, qui pourront bénéficier, via l’Agence emploi jeunes, de prêts de 1 à 20 millions de FCFA pour «donner vie aux projets des acteurs les plus prometteurs».