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Robert Beugré Mambé

« Ce seront des Jeux populaires ! »

Par Jimi Weston - Publié en juillet 2017
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NABIL ZORKOT POUR AM

Le ministre chargé de l’Organisation des Jeux de la Francophonie, un poste créé il y a moins d’un an par le président Ouattara, est aussi gouverneur du district d’Abidjan. Qui de mieux placé pour nous parler d’« Abidjan 2017 » ?

AM : Pourquoi la Côte d’Ivoire a-t-elle absolument souhaité organiser les Jeux de la Francophonie de 2017 ?

Quand, en 2012, le président Alassane Ouattara s’est engagé auprès de ses amis francophones à organiser ces Jeux, il avait en tête trois raisons majeures : réconcilier la Côte d’Ivoire avec elle-même après la très difficile crise politico-militaro-sociale que nous avons vécue pendant près de dix ans, récompenser et exprimer notre reconnaissance envers les pays francophones qui ont milité pour le retour de la paix dans notre pays pendant cette période, et bien sûr marquer notre retour dans le concert des nations en Afrique. Ces Jeux constituaient d’autant plus une opportunité que la Francophonie est une plate-forme qui permet d’exprimer des valeurs comme la fraternité, la diversité et la cohésion. Sa force n’est pas seulement de se préoccuper du développement social et économique, mais surtout du développement humain. « Il n’y a de richesse que d’hommes », disait Jean Bodin. Et, pour une nation, il n’y a de richesse que le peuple.

C’est donc une étape dans le processus de réconciliation nationale ?

En fait, nous ne sommes plus en 2012. Six ans se sont écoulés. Nous sommes aujourd’hui au-delà de la réconciliation nationale, à un moment où les Ivoiriens veulent partager avec les autres nations africaines et donner l’image d’un continent à la recherche de l’essor économique, mais aussi du développement culturel et sportif. Nous voulons montrer que l’Afrique n’est pas seulement le continent de l’avenir, mais aussi celui du présent.

Qu’est-ce qui vous fera considérer que ces Jeux sont réussis ?

Notre but est simple : qu’aucun athlète n’ait envie de retourner chez lui à la fin des Jeux. Pour cela, il faut que l’accueil soit excellent dès l’aéroport et que le lieu de résidence soit agréable et fonctionnel tout en permettant de profiter d’Abidjan. Il faut aussi que les compétitions programmées se déroulent à l’heure et au lieu précis où elles doivent l’être, que les compétiteurs aient l’opportunité de se mélanger avec les Ivoiriens, et qu’ils se sentent comme chez eux, en famille.

Quelles particularités nous réserve la Côte d’Ivoire par rapport aux éditions précédentes ?

Nous voulons conserver ce qui a fonctionné par le passé et apporter ensuite notre touche propre. D’abord, par notre hospitalité et notre joie de vivre. Les Ivoiriens aiment la vie et veulent la partager avec les autres. C’est pourquoi nous avons fait en sorte que ces Jeux soient des Jeux populaires. Les 13 communes d’Abidjan se sont mobilisées et se sont par exemple engagées à créer une vingtaine de Fan zones afin que les spectateurs qui ne peuvent se rendre au stade puissent regarder les différents événements ensemble. Dans toute la ville d’Abidjan, ces Jeux seront source d’animation. Quel est le budget total de l’organisation ?

Et combien financée par la Côte d’Ivoire elle-même ?

Nous avons deux types de budget. Le premier est dit conventionnel. Il est proche de 10 milliards de francs CFA et est financé par l’OIF, la Côte d’Ivoire et les contributions volontaires des pays participants. C’est celui que l’OIF a établi comme étant nécessaire pour réussir une bonne organisation. Il y a un second budget, celui d’investissement, qui, normalement, est à la charge unique de la Côte d’Ivoire. Je ne peux pas encore vous en communiquer le montant exact.

Parmi ces investissements, il y a eu la réhabilitation du Stade Houphouët-Boigny, la rénovation du Musée national et d’une partie de la Bibliothèque nationale, la construction d’une rotonde dans le Palais des sports, le Stade vélodrome a été rafraîchi et anobli, des salles de basket ont été rénovées, une arène de lutte africaine a été réalisée, une toute nouvelle salle polyvalente de 2 500 places a été édifiée, le Canal au Bois, où les épreuves d’art de rue auront lieu, a été entièrement rénové et, enfin, le Village Akwaba, où seront logés les 4 000 concurrents des Jeux, a été construit. Pour cette dernière réalisation, nous avons demandé à nos pays amis une contribution exceptionnelle, car il n’était pas prévu au départ et a nécessité un effort supplémentaire.

Il y a eu un débat sur l’opportunité ou non de démonter les installations du Village après les Jeux. Qu’en sera-t-il ?

Ces bâtiments sont faits pour durer vingt à trente ans. On peut les démonter, mais nous ne le ferons pas. Les jeunes Ivoiriens en ont besoin. C’est la volonté du ministre des Sports, François Albert Amichia, et c’est aussi celle du président, avec l’idée d’en faire un centre sportif et culturel de haut niveau. Quoi qu’il arrive, je peux d’ores et déjà vous garantir qu’il sera occupé continuellement pendant au moins six mois après les compétitions, puisqu’il accueillera les participants à différentes conférences dont la prochaine rencontre UE/Afrique fin novembre à Abidjan.

La Côte d’Ivoire a été désignée en 2013 comme pays hôte des 8es Jeux de la Francophonie. Néanmoins, beaucoup de travaux n’ont débuté que l’an dernier, comme le Village des Jeux, dont la construction a démarré à la fin de 2016. Pourquoi ce retard ?

Au départ, la Côte d’Ivoire avait choisi de loger les concurrents dans la cité universitaire de l’Université Houphouët- Boigny. Il ne s’agissait alors que de travaux de réhabilitation. Finalement, il a été décidé de changer de lieu pour ne pas gêner la continuité des cours des étudiants. Il restait alors moins d’un an pour offrir une résidence digne de ce nom à nos hôtes. Nous avons rapidement identifié une zone, puis réalisé des plans, lancé les travaux… Cela explique ce retard. Mais je peux vous rassurer, tout sera fin prêt au 30 juin, presque trois semaines avant la cérémonie d’ouverture.

En juillet, ce sera encore la saison des pluies. Ne craignez-vous pas que les Jeux soient perturbées par une mauvaise météo ?

D’abord, excepté le football et l’athlétisme, la plupart des compétitions ont lieu en intérieur. Ensuite, il est vrai que cette période est généralement pluvieuse, mais pas comme le sont les mois de mai et juin. Normalement, à partir du mois de juillet, les grandes pluies cessent. Elles deviennent un peu plus longues et beaucoup moins intenses. Pas de quoi a priori empêcher les compétitions, d’autant que les nouveaux terrains ont été équipés de systèmes de drainage. Au cas où le bon déroulement des épreuves serait perturbé, nous avons de toute façon la capacité de reprogrammer rapidement telle ou telle compétition, sans dépasser les délais. Tous les cas de figure ont été envisagés.