Cindy Pooch
Du corps et du coeur

Avec un premier album tout en élégance, cette musicienne franco-camerounaise réinvente une chanson qui va droit à l’âme .

«ENLÈVE TON CŒUR», «Délicatesse» , «Nyanga», «Redondant d’amour» , «Secret précieux»: les titres des chanson s de Cindy Pooch sont tellement jolis ! Pourtant, pas de tentative de séduire ici, en tout cas pas directement: la musique de cette artiste, née en France et ayant grandi au Cameroun, brille par son épure. Tout comme sa créatrice parle avec une honnêteté sans fioritures : «Chanter est devenu mon métier – et plus seulement une passion–au début de l a vingtaine, raconte celle qui a suivi des études littéraires à Lyon. Aujourd’hui, plutôt que de dire que je suis chanteuse, j’aime me contenter de dire que je chante. C’est une nuance subtile qui me fait du bien, qui aère mon rapport à ce métier.» Elle fait de son timbre profond son instrument principal et comprend qu’elle est musicienne «en composant cet album à 30 ans»! Lequel est baptisé In Nomine Corpus, du nom de l’un de ses premiers morceaux, paru au printemps dernier sur son EP Issemou, qui annonçait déjà la structure organique et la plume sensible de Cindy Pooch: «Ce disque est l’expression d’un besoin de re-convoquer mon corps dans ma voix, dans mon lien au monde. Via la composition musicale, mon rapport nouveau à la création est une façon, parmi d’autres, d’expérimenter cette primauté du corps.» Lorsqu’on lui demande en quoi son enfance camerounaise influence ses compositions, entre autres inspirées par les groupes de maloya Ti’Kaniki et An’Pagay, elle répond: «Mon lien à ce pays est inhérent à mon identité . C’est un environnement, un contexte , et puis de l’atavisme aussi… Ma musique témoigne de mon hybridation comm e d’un lieu à part entière, et je n’identifie pas forcément les endroits précis où ça va puiser. Ce qui est sûr, c’est que le retour au corps, pour moi, passe par la connexion avec les origines, les racines . Les miennes sont au Cameroun.»