Comment s’approprier la trajectoire du développement

Afrique magazine : Malgré la crise, y-a-t-il des raisons d’être optimiste pour l’Afrique ?
Habib Ouane : Je demeure optimiste car, selon moi, la crise offre des opportunités. Trente ans de réformes ont désaisi l’Etat de ses pouvoirs, de son rôle régalien par rapport à la sphère économique et politique. Cela a abouti à un Etat minimal, à un environnement déstructuré, marqué par la pauvreté et un faible taux d’alphabétisation. On s’est rendu compte que l’Etat était nécessaire et que la libéralisation, couplée à la dérégulation, avait aggravé la situation des économies africaines.
Pourtant, on a observé une croissance importante du continent ces dernières années...
Oui, mais c’était une croissance sans créations d’emplois, car axée sur l’exportation de matières premières brutes. Sans compter la mauvaise mise à profit des investissements directs étrangers (IDE) et la difficulté pour l’Afrique à s’approprier l’aide au développement, cantonnée aux secteurs sociaux. Ce qui a mené à ce que j’appelle la crise de la qualité de la croissance. Les pays ont l’illusion de s’enrichir mais cette croissance ne crée pas d’emplois ni de richesses. La crise est l’occasion de se remettre en question… Il faut réinventer l’Etat !
C’est à dire ?
Il faut revisiter...