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Confraternellement…

Par empontie
Publié le 25 août 2014 à 13h00
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DUR MÉTIER finalement que de travailler pour les médias télé français. Lorsqu’une catastrophe tombe dans l’actualité, il faut prendre l’antenne immé-diatement, occuper l’espace, alimenter absolument une info en continu sans avoir les bonnes sources, voire pas de sources du tout. On sait que c’est difficile. Mais tout de même. La quantité de bêtises qui peuvent être débitées dans les premières heures de commentaires donne le tournis. Spécifiquement lorsqu’il s’agit d’un événement survenu dans une région que le téléspectateur connaît bien mieux que le pauvre commentateur à qui l’on a collé un micro de force, qui est perdu sur le sujet, mais dont le « talent » consiste à ne pas le montrer. Résultat, on assiste à un chapelet de bourdes. Et, disons-le, de plus en plus insupportables quand i l s’agit de l’Afrique.  Cas d’école : le crash de l’avion d’Air Algé-rie à Gossi le 24 juillet dernier. Nous avons entendu qu’il s’était écrasé dans « une zone désertique infestée de marécages » (éton-nante connaissance de la géologie), que l’avion avait « 54 passagers à bord » (donc, seuls les Français comptent…), que le Mali était « un grand pays d’Afrique centrale » (20 sur 20 en géographie !)… Et le nombre d’exemples est inépuisable. Bref, les contraintes de l’urgence n’excusent pas tout. Et certainement pas une méconnaissance aff ligeante, un manque cruel de correspondants ou de réseaux sur place, ni le ton cocorico très assuré de soi-disant vrais journalistes. Il n’y a rien à faire, le continent noir n’intéresse pas beaucoup l’audimat, et l’absence d’investissement professionnel et humain en découle. Triste. Peu honorable pour le milieu des médias occidentaux, suréquipés, surfinancés. Et l’on ne peut s’empêcher d’y déceler aussi une forme de mépris (même inconsciente) pour ces contrées « lointaines », où il se passe des choses qui ne concernent pas l’Hexagone, sauf quand une actualité exceptionnelle prend soudainement ses rédactions au dépourvu. Alors, de grâce, un petit effort. Révisez vos fiches avant de parler trop vite et surtout, intéressez-vous à autre chose que l’info du Nord, des riches, de celle qui régit « votre » univers. À l’heure de la globalisation, il y a d’autres mondes, plus au sud, qui existent aussi. Et ce sera de plus en plus le cas demain. Alors, il faudrait s’y préparer un peu mieux…