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À corps défendus

Par CATHERINE FAYE - Publié en octobre 2016
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Du 22 octobre au 5 novembre, Toulouse et sa région reçoivent des artistes venus du monde entier. Une 18e édition des Danses et continents noirs qui s’annonce musclée.
 
À l’origine, un homme. Chorégraphe, danseur et chercheur francocamerounais, James Carlès est ce qu’on appelle un passeur. « Le Noir n’est pas que l’Afrique, et le Blanc est aussi l’Afrique », affirme celui pour qui la question de l’identité et de l’altérité est au coeur de son travail.
 
Lorsqu’il crée le festival Danses et continents noirs, c’est pour remettre à jour et présenter sur scène le répertoire des oeuvres des chorégraphes noirs d’Amérique et d’Afrique. Soucieux de ce travail de mémoire, il met au-devant de la scène les danses populaires, les posant comme un enjeu politique et artistique. La danseuse virtuose Germain Acogny, marraine de la manifestation avec laquelle il a tissé une filiation spirituelle, lui donne l’impulsion.
 
« Elle m’a ouvert les yeux, m’a révélé un alphabet chorégraphique qui me reliait à la fois à l’Afrique et à l’ailleurs. » Cette identité polymorphe devient son axe. De fait, la programmation engagée et fédératrice du festival continue d’interroger le « corps musical » - un entrelacs entre corps social et musique comme lien entre les individus.
 
Elle témoigne des origines africaines des Noirs américains, des Antillais, de toutes les diasporas. « Sur scène, les corps dansants, d’où qu’ils viennent, proposent une lecture de la société, démystifient le regard que l’Occident peut porter sur l’Afrique, incarnent des formes d’écritures périphériques, toutes racines confondues. »
 
À Toulouse, où le Centre chorégraphique James Carlès rayonne à l’international depuis près de vingt ans, le festival se décline en spectacles, master classes, ateliers, conférences, expositions…
 
À l’affiche, entre autres propositions venues de « continents noirs » : Leyla Neygrau, chanteuse et percussionniste réunionnaise inspirée par le maloya, musique traditionnelle métissée ; le Burkinabé Bienvenue Bazié, dans un solo sur la déshumanisation du migrant ; les Camerounais Moukam Fonkam et Simon Abbé, dont les créations interrogent le temps, le doute, le couple…
 
Tous ces corps, d’où qu’ils viennent, nous disent l’état du monde. Dans des chorégraphies qui nous relient les uns aux autres.