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D'ici 35 ans ?

Par zlimam - Publié en janvier 2019
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Anniversaire d’AM oblige, 35 ans de parution ininterrompue depuis décembre 1983 (date de la sortie de notre premier numéro), une bonne partie de l’édition que vous avez entre les mains propose un voyage dans le temps, entre hier et aujourd’hui. Avec, en particulier, une enquête sur « ce que nous étions, ce que nous sommes devenus ». Sur les évolutions majeures qui ont transformé l’Afrique en un peu plus de trois décennies. 
Cet édito se propose donc de jeter un oeil sur l’avenir, de se lancer dans le début d’une exploration prudente des trois décennies à venir. 
Ce qui paraît sûr, sans faire preuve d’un grand talent divinatoire, c’est que l’Afrique sera au centre du monde. Et des préoccupations globales. Par la magnitude des défis qu’elle affrontera : plus ou moins 2 milliards d’habitants, immigration, changements climatiques, jeunesse, sécurité et terrorisme, matières premières rares, produits agricoles, eau, terres arables, espace disponible… Les évolutions positives ou négatives du continent auront un impact sur l’ensemble de la planète. Outre le « risque », l’Afrique se retrouvera à nouveau à la confluence des intérêts géostratégiques. Le « système » est à la recherche d’une zone de croissance nouvelle, a new growth area, qui pourrait tirer l’ensemble de l’économie mondiale de la gadoue dans laquelle elle semble s’engluer. L’Afrique est et sera un véritable enjeu pour la Chine et pour l’Asie, pour un Occident affaibli par la perte de compétitivité de son modèle, pour l’Europe en particulier qui demeure sa frontière nord, mais aussi pour les pays du Golfe et du Moyen-Orient, qui seront rudement impactés par le changement climatique. Les liens, là aussi, peuvent évoluer de façon positive, se révéler porteurs de croissance, d’échanges, comme ils peuvent favoriser le renforcement d’un néocolonialisme du XXIe siècle avec la mise en coupe réglée des richesses du continent. 
Paradoxalement, les faiblesses pourraient se révéler porteuses d’un scénario positif, celui du rattrapage et de la croissance. Si l’on en croit les études les plus optimistes, le boom démographique devrait mécaniquement pousser à l’accroissement d’une classe moyenne solvable de plus de 900 millions de personnes. Des villes phares, connectées à l’économie globalisée, pourraient entraîner avec elles le développement de régions entières. Le déficit abyssal des infrastructures serait une opportunité : routes, transports, barrages, équipements, services… Si seulement 5 % des capacités du continent sont exploitées, c’est donc qu’il existe un potentiel de 95 % à concrétiser ! Et que l’Afrique pourrait financer en partie par l’abondance de ses richesses premières et naturelles. La technologie pourrait favoriser des leapfrogs impressionnants, de la nature de ceux l’on a déjà vécu avec la téléphonie mobile, et qui pourraient s’appliquer aux secteurs de l’éducation, de la santé, des loisirs, de la recherche. Et permettre aux entrepreneurs locaux d’être parfaitement connectés avec le reste du monde en matière d’innovation et de technologies de rupture. Ce scénario ascendant n’est pas improbable. Il suppose de ne pas négliger « les bases ». La clé de tout, la bonne gouvernance, la lutte contre les corruptions et les prédations, l’engagement citoyen des élites, la lutte contre la pauvreté, la transparence, l’acceptation de l’alternance. Personne ne demande à l’Afrique de devenir un modèle démocratique et d’efficacité du jour au lendemain, mais de toute évidence pour émerger, survivre et vivre dans le siècle, il faudra gouverner mieux, avec des élites plus soucieuses du bien commun, concentrées sur le développement. Un saut qualitatif au sommet en quelque sorte. 
Voilà, de notre côté, nous espérons bien accompagner ces nouvelles glorieuses africaines, être le magazine du changement positif et exigeant, que nous soyons imprimés, ou digitalisés, ou hologramisés ! Bonne lecture et à très bientôt dans le futur.