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C’est comment?

Dépendance santé?

Par Emmanuelle Pontié
Publié le 6 mai 2025 à 12h04
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100 jours d’administration Trump aux États-Unis. Et de nombreuses secousses brutales dans le monde. Dont une, d’une violence extrême : la suspension des financements de l’Usaid, l’Agence américaine de développement. L’Usaid, c’est environ 40 milliards d’aide déployés dans 100 pays, dont environ 12 milliards destinés aux pays africains.

Depuis le 10 mars, il a été décidé que 83 % de ses programmes seraient supprimés. En parallèle, l’administration Trump a décidé de se retirer, au sein de l’ONU, du Programme alimentaire mondial (PAM), de l’Onusida, du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) ou encore de l’OMS. Le secteur de l’humanitaire dans le monde, qui dépend à 40 % des financements américains, subit une onde de choc sans précédent.

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Les ONG, et avec elles les actions sur le terrain, ferment en cascade, faute de moyens. Les résultats, immédiats, sont là: au Soudan, pays en proie à la guerre, plus d’un demi-million de personnes perdront leur accès à la nourriture et aux soins. L’arrêt des campagnes de vaccination engendrera une hausse de la mortalité infantile dans la plupart des pays subsahariens. Les médicaments contre le VIH, la tuberculose ou le paludisme ne seront plus accessibles. Etc., etc… Ce n’est pas le lieu de s’apesantir sur cette décision de M. Trump, qui rompt avec tout sens commun et la volonté historique des États-Unis de « protéger» le monde, de lutter accessoirement contre l’influence de la Chine ou de la Russie et de répandre un soft power américain.

Autant de valeurs balayées d’un revers de la main en quelques mois. En revanche, au-delà du drame humain majeur mondial et africain, le gel de financements, notamment dans le secteur médical, a engendré une réaction légitime au sein des élites africaines. Pourquoi nos pays dépendent-ils encore autant de l’aide internationale ? L’Usaid, c’est 1,34 milliard de dollars chaque année pour la RDC, 1,2 milliard pour l’Ethiopie, 299 millions pour le Mali ou encore 203 millions pour le Sénégal.

Premier résultat, le Nigeria, qui bénéficiait d’une manne américaine de 762 millions, a adopté dès février dernier un budget additionnel de 200 millions de dollars, qui seront alloués principalement à la fourniture de vaccins et au traitement des maladies endémiques. L’indépendance africaine en matière de santé et de soins, particulièrement dans les pays en proie à la guerre, n’est malheureusement pas pour demain. Mais si le seul minuscule point positif du retrait américain était un réveil des consciences et la recherche urgente de solutions ? Ce serait déjà un petit pas…