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Dhafer el Abidine, le beau gosse from Tunis

Par Michael Ayorinde
Publié le 21 février 2011 à 22h25
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Dhafer est né et a grandi à Tunis, où il a fait ses études jusqu’au baccalauréat. Dernier d’une famille de cinq enfants, il est le seul à travailler dans le domaine artistique. Installé depuis dix ans à Londres, il s’est marié en juin dernier à une artiste anglaise. À 36 ans, il est l’acteur qui monte, et pas seulement dans son pays ! Avec sa maîtrise parfaite de quatre langues, et son charisme qui ne laisse personne indifférent, une grande carrière internationale s’annonce pour lui. De passage à Tunis, il se raconte.

Am : Depuis le ramadan, on ne parle que de vous en Tunisie. Qu’est-ce qui s’est passé ?
DhAfer el AbiDine : J’ai joué dans Maktoub, un rôle qui a eu beaucoup de succès. C'était un feuilleton de trente épisodes, réalisé par Sami Fehri, et qui était diffusé chaque soir pendant le ramadan, en prime time, sur Tunis 7 ; et la série a eu les meilleures audiences. C’est vrai que tout a changé depuis, beaucoup de gens me reconnaissent dans la rue et m’arrêtent pour me parler, mais je le prends bien, parce que s’ils n’appréciaient pas mon travail, ça ne se passerait pas de la sorte.

Pourtant, vous n'étiez pas un acteur débutant ?
J’ai beaucoup joué à l’étranger. Depuis 2002, j'ai tourné dans une dizaine de films télé anglais. Et dans trois longs métrages européens. Avant Maktoub, qui a été tourné en février 2007, j’ai joué, en décembre 2006, dans le film de Moez Kammoun, Shaharazad, mais qui n’est pas encore sorti.

Parlez-nous de votre rôle dans Maktoub...
J’y incarnais le personnage de Dali, un homme marié, infidèle, égoïste, méchant et manipulateur. Dali cherche à réussir en essayant de s’adapter à la société tunisienne. Il doit choisir une femme bien, éduquée, de bonne famille, belle. Dali suit toujours sa raison et non son cœur. Il ne sait pas aimer. Sauf qu’au final, il réalise que cette attitude ne fait pas le bonheur.

Et vous, vous savez aimer ?
Sincèrement, je suis très loin de ce personnage. Je suis marié, heureux, épanoui et j’aime ma femme.

Qu’est-ce qui vous a attiré chez elle ?
(Rires) Je ne veux pas parler de ma vie personnelle… On s’entend bien et on s’aime, c’est tout.

Comment êtes-vous venu au cinéma ?
Le foot était ma première passion. Ceci dit, j'aimais déjà beaucoup le cinéma... Je jouais depuis la catégorie minimes à l’Espérance sportive de Tunis et j'ai fini capitaine de l'équipe espoirs. Je réussissais aussi dans les études. C’était une sécurité pour moi d’avoir un diplôme supérieur, mais aussi un accord passé avec mes parents : il fallait que j'en décroche un pour poursuivre les activités que j'aimais. J’ai donc arrêté deux ans, pour passer un Bts en informatique à Paris. À mon retour en Tunisie, j’ai joué un an avec l’Espérance sportive de Zarzis. Mais j'ai connu des problèmes de contrat… Je n’avais pas d’autre choix que de renoncer au ballon rond. J’ai travaillé, comme mannequin, pendant trois mois en France, avec l’agence Metropolitan. À mon retour, le réalisateur Moncef Dhouib m’a proposé d'être son assistant. Ce que j'ai fait pendant un an et demi. Jusqu'au jour où j'ai participé à la réalisation d'un spot publicitaire avec une équipe anglaise. J’ai aimé leur professionnalisme ; j’ai décidé de partir en Grande-bretagne pour apprendre la langue. Je m’y suis finalement installé.

Vous êtes donc un autodidacte ?
Pas tout à fait. J’ai été accepté sur concours à la Birmingham School of Speech and Drama, qui fait partie des cinq meilleures écoles d'art dramatique en Angleterre.

Qu'est-ce que ça vous fait quand les filles vous courent après ?
Elles me courent après ? Où ça ? (il regarde derrière lui). Personne n’est en train de courir derrière moi, je ne vois rien. (Rires) Pour jouer le rôle d’un homme à femmes ou d’un tombeur, c’est vrai que le physique peut aider… mais ça peut aussi être un handicap. De plus, il ne suffit pas d’être beau, il faut aussi convaincre par la qualité de son travail.

Qu’avez-vous fait depuis Maktoub ?
J’ai tourné dans le dernier long métrage de Raja Amari, qui s’appelle Anonymes et qui devrait sortir en avril. C’est une très belle histoire, un thriller, avec beaucoup de suspense. J’ai participé aussi à un film anglais, 31 North 62 East. Ce dernier devrait sortir cette année. J’ai d’autres projets en vue ici et en Égypte…

Allez-vous tourner à nouveau dans la série qui vous valu ce succès tunisien ?
(Sourires)… Vous allez le découvrir d’ici le mois de ramadan.

Votre cachet a-t-il augmenté depuis Maktoub ?
(Rires) Je ne me plains pas…

Votre succès en Tunisie est-elle la chose la plus importante de votre carrière ?
C’est mon pays, j’y ai vécu, et ma famille y vit, et ça n’a pas de prix. C’est donc important pour moi d’être connu en Tunisie, puisque je suis Tunisien. Même si je nourris également l'ambition de travailler sur le plan international.

Êtes-vous satisfait de votre parcours ?
Oui, très content, mais j’ai encore du chemin devant moi.

Propos recueillis par Emna Ben Jemaa