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Dynamisme Abidjan, incontournable porte d’entrée

Par Issiaka N’Guessan - Publié en mars 2017
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On construit, on travaille, on inaugure… La capitale économique renforce sa position de hub régional et de destination privilégiée pour les investisseurs internationaux.

Au coeur du Plateau – le quartier des affaires de la capitale économique ivoirienne –, les bureaux de Wafa Assurance ne passent pas inaperçus. Non loin – face à l’agence locale de Royal Air Maroc, près de la pyramide –, la Banque malienne de solidarité (BMS) a elle aussi récemment ouvert ses portes. Les deux groupes sont de nouveaux arrivants sur la place abidjanaise. Selon une source interne, outre des agences à l’intérieur du pays, un nouveau siège BMS sera également construit à Marcory. Pourquoi ? Avec plus de 1 829 000 passagers accueillis à l’aéroport d’Abidjan, selon le DG d’Aeria, Gilles Darriau, qui dressait un bilan d’activités le 27 janvier dernier – « Nous sommes débordés ! » –, Abidjan marque donc des points sur ses concurrentes de la sous-région.
 
« L’ESPOIR EST PERMIS »
 
Jacques Lainé, restaurateur français, a racheté un fonds de commerce dans la Zone 4, un des quartiers de Marcory, ce nouveau centre-ville en expansion permanente. Restaurants japonais, français et chinois côtoient les nightclubs et, la nuit, ça bouge fort ! Après dix-sept ans à Cotonou, le chef s’est installé sur les bords de la lagune Ébrié il y a trois ans et demi. Dans son restaurant, Le Jardin gourmand, les fins gourmets se croisent, même s’« il y a encore un gros travail de formation à faire », précise-t-il, assurant malgré tout que « l’espoir est permis : c’est un pays avec des supports économiques solides ».
 
Même enthousiasme à l’hôtel chinois Horizons, à Cocody, où l’un des gérants confirme que « les visiteurs sont toujours présents. Notre taux de remplissage est toujours très bon, nos clients d’affaires ou participants à des conférences font des séjours d’une semaine à un mois. En dépit des récents événements, certains sont motivés pour s’installer car ils entrevoient des opportunités dans la reconstruction du pays ».
 
Abidjan accueille, du 24 au 25 février, les premières Journées nationales de l’exportateur de cajou (JNEC), avec 500 participants, essentiellement des institutionnels et acteurs de la filière. Membre du comité d’organisation, Alex N’guettia soutient qu’« aujourd’hui Abidjan constitue le pôle des activités de la sous-région ouest-africaine. Tout le monde aime travailler à Abidjan. Contrairement à ce que certains peuvent imaginer, il y a une stabilité au niveau sécuritaire », assure-t-il.
 
Il estime que, « chaque année, 130 sociétés qui s’adonnent au négoce du cajou sont agréées par le Conseil du coton et de l’anacarde, avec 80 % d’entreprises indiennes qui, durant les cinq à six mois que dure la campagne, injectent plus de 500 milliards de francs CFA dans l’économie nationale. Toutes ces sociétés sont installées à Abidjan, où elles créent de l’emploi. Cet engouement fait que nous sommes assurés de la présence de Brésiliens, Vietnamiens, Nigérians et que nous bénéficions de l’accompagnement d’Afreximbank », indique le jeune chef d’entreprise.
 
La mutation d’Abidjan s’illustre aussi par le projet de modernisation d’importantes infrastructures, comme l’extension de l’aéroport Félix-Houphouët-Boigny et le chantier du port. Un chantier de 560 milliards de francs CFA, assurés à 85 % par la Chine, avec la banque d’import-export China Exim Bank. Et qui se concrétise par des travaux d’élargissement et d’approfondissement du canal de Vridi, porte d’entrée du premier port ivoirien. Le tirant d’eau, actuellement de 12 m, atteindra 16 m à la fin de ces travaux pour accueillir des navires au tonnage plus important.
 
De même, sur l’autoroute du Nord, au PK 24, s’est créée une nouvelle zone industrielle car celle de Yopougon était déjà saturée. C’est donc au niveau des infrastructures qu’Abidjan change, notamment avec ses projets immobiliers. Et là, c’est le géant turc Inci Grup qui a les faveurs des investisseurs. Quatre immeubles sur le « VGE », aux carrefours du Camp- Commando et de Koumassi, portent sa signature. À la Riviera 3, juste en face de Cap Nord, un nouveau centre commercial est en construction.
 
C’est par exemple ici, sur le VGE, que Brassivoire, la brasserie concurrente du géant français Castel, s’est installée, et ce pour un investissement de 100 milliards de francs CFA. Selon Alexander Koch, le PDG, rencontré dans ses nouveaux bureaux, le marché ivoirien « est prometteur, avec 8 % de taux de croissance et une consommation de 11 l par habitant et par an ». Le joint-venture Heineken-CFAO inquiète d’ailleurs sérieusement Solibra, la plus ancienne des brasseries du pays, obligée de faire une communication et de la publicité tous azimuts. Une nouveauté !
 
Ingénieur en management, ancien chef du département PME de la Banque atlantique et du réseau PME pour Diamond Bank Côte d’Ivoire, Jean Michel Coulibaly pose un diagnostic général. « De prime abord, des efforts importants ont été fournis pour faire d’Abidjan une destination attractive à tout point de vue : incitation à la création d’entreprise ; mise en place d’un guichet unique par le Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (Cepici ) ; amélioration des infrastructures routières. Mais il y a encore des choses à faire… » Parmi les efforts à consentir, la plupart des observateurs soulignent la nécessité d’une lutte accrue contre les passedroits et les effets de la corruption, présente ici, comme évidemment ailleurs.
 
En attendant, un secteur se révèle significatif de l’attrait de la capitale économique ivoirienne : l’hôtellerie, en plein boom, avec entre autres l’ouverture de l’Azalaï à Marcory, le chantier du Noom (groupe Mangalis) sur le Plateau, la rénovation du Pullman (AccordHotels) et les projets du groupe Conrad (Hilton).