Emmanuel Torquebiau
«La monoculture est une invention de l’Occident»
Face au changement climatique, l’agriculture doit s’adapter. Parmi les solutions: renouer avec l’agroforesterie traditionnelle, qui associe cultures, arbres et animaux. Emmanuel Torquebiau, écologue au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement et spécialiste du sujet, répond à nos questions.
AM: Pouvez-vous définir l’agroforesterie?
Emmanuel Torquebiau: C’est une agriculture qui mélange des arbres avec des plantes agricoles classiques, et parfois des animaux. Cette association de plusieurs composantes permet de diversifier les productions (fruits, fourrage, bois, résine, pharmacopée…) et d’améliorer les conditions de ces dernières, de répondre aux contraintes climatiques, de protéger le sol, de le fertiliser, d’améliorer la biodiversité.
Quels sont ses avantages par rapport à l’agriculture intensive?
Au lieu de récolter un seul produit, comme avec la monoculture, on en récolte plusieurs, grâce à tous les produits des arbres. En Afrique tout particulièrement, il existe une grande variété d’arbres capables de produire et de rendre service à l’agriculteur et à l’éleveur. Les animaux d’élevage se nourrissent des gousses des arbres fourragers. Ce que l’on appelle le «fourrage arboré» représente la moitié de leur alimentation. En Europe, avant la...