En quête de stats
Le 18 novembre prochain, aura lieu un événement totalement inconnu du grand public, qui passe chaque année sous le radar de la plupart des populations africaines, loin de leurs centres d’intérêt. Et j’entends déjà des lecteurs s’emporter sur le sujet: «Franchement, on s’en fout, pas drôle, aucun intérêt!»
Le 18 novembre, donc, aura lieu la célébration de la Journée africaine de la statistique. Si, si... Certes, on s’imagine les statisticiens comme des gens austères à lunettes, relégués dans des bureaux poussiéreux et qui croulent sous des feuilles parsemées de chiffres, de courbes et de graphes incompréhensibles. Si l’on passera vite sur ce cliché bien réducteur, on ne peut que se réjouir de l’instauration de cette JAS, proclamée depuis 1990 par la Conférence africaine conjointe des statisticiens, démographes, planificateurs et économistes sous l’égide de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).
Mais enfin, depuis près de vingt- cinq ans, le domaine des statistiques sur le continent laisse toujours à désirer. Rares sont les pays qui sou- tiennent le domaine et peuvent s’enorgueillir de générer des données stables et utiles sur leur pays. La plupart du temps, les stats africaines sont gérées par les grands organismes internationaux. Ou en tout cas, ce sont elles qui circulent, sont vulgarisées, aident à la compréhension.
Pourtant, elles devraient être considérées comme un domaine de souveraineté nationale par les États. Elles permettent de posséder des données justes sur un pays et sa population. Dans tous les domaines: l’éducation, l’économie, la lutte contre la pauvreté, le développement, les politiques de genre, le commerce, etc. Elles sont donc nécessaires pour envisager l’avenir et indispensables pour ajuster les projets à mener. Certes, la planification n’est pas le fort des pouvoirs africains en général, qui se contentent souvent de s’occuper des urgences et qui affectionnent les politiques court-termistes.
Mais les temps changent. Certains domaines, comme les effets du changement climatique sur l’agri- culture, l’autosuffisance alimentaire, les migrations, nécessitent des prévisions, des réflexions, que la plupart des États sont aujourd’hui contraints de mener. Il y va de l’avenir de leur terre, de leur jeunesse. D’où l’intérêt grandissant du statisticien national et de ses données précieuses pour dessiner un avenir à l’Afrique. Alors, vive le 18 novembre!