Et pendant ce temps-là...
En Russie, un mercenaire, ancien cuisinier du Kremlin, que l’on croyait sous contrôle, a failli renverser le régime du tsar Vladimir Poutine. Sans vraiment le vouloir d’ailleurs, ses chars et ses camions ont tout simplement pris la route. Le pouvoir central, d’apparence si puissant, omnipotent, paraît lézardé. Les clans, dit-on, sont en compétition. Et personne ne peut vraiment dire où va cette très grande puissance nucléaire. On ne peut pas exclure qu’un aventurier prenne la main. En Ukraine, la guerre fait rage, civils et soldats meurent tous les jours. Aucune perspective de paix, de sortie de crise, malgré les risques majeurs de dérapages et les coûts pour le monde entier.
Aux États-Unis, un « récidiviste », inculpé qua- siment de trahison, empilait les notes «secret défense» dans les salles de bains en marbre de son palais rococo de Floride... Milliardaire à ses heures perdues, malgré une montagne de dette, Donald Trump, 77 ans, teint de peau carotte, caracole en tête des sondages de la primaire républicaine. Et pourrait être à nouveau président de la première puissance mondiale. On en frémit... S’il ne va pas en prison d’ici-là. Avec des conséquences tout aussi imprévisibles. Face à lui, un homme raisonnable, Joe Biden, d’un âge encore plus respectable. 80 ans... Le locataire de la Maison Blanche paraît un peu fragile tout de même. Il trébuche et bugge de temps en temps. Des dizaines de millions de jeunes Américains sont perdus, désem- parés. Ce n’est pas enthousiasmant, mais c’est lui, Old Joe, le rempart contre le chaos. L’élection présidentielle est prévue pour novembre 2024. Dans près de quinze mois. Une éternité...
Les mêmes États-Unis sont engagés dans un bras de fer assumé avec la Chine. Beijing est devenu l’ad- versaire stratégique, économique, politique majeure. Les États-Unis veulent rester maîtres du système, maîtres du monde. En experts, ils reconnaissent le talent chinois, l’impact d’un pays qui en moins d’un demi- siècle est passé du sous-développement au statut de challenger numéro 1. Côté Cité interdite, on s’arc-boute sur l’avenir de Taïwan, devenu le marqueur historique et légitimant du Parti communiste. Et l’Armée rouge montre ses muscles dans toute la région, irritant des nations voisines, comme le Viêt Nam, les Philippines, l’Indonésie, l’Australie... Le conflit est possible. Mais surtout la rivalité États-Unis/Chine rend toute discussion globale quasiment impossible. Comment parler de développement durable et de changement climatique sans une coopération minimale entre les deux pays les plus importants (et les plus pollueurs) du monde?
En France, un motard de la police tire à bout portant sur Nahel, un gamin de 17 ans, lors «d’un refus d’obtempérer». Les images sont bouleversantes. Des soi-disant penseurs de droite et d’extrême droite trouvent pourtant toutes sortes de raisons qui justifient l’inacceptable. Écœurant. Les extrêmes gauches ali- mentent les braises. Irresponsables. Les banlieues se soulèvent, des nuits de folie vengeresse, d’une «vio- lence rare», avec leurs cortèges de destructions, de pillages, d’agressions. C’est stupéfiant, littéralement. La France est encore un État de droit. La justice fonc- tionne. Il y a une enquête sur le policier impliqué. Mais la France refuse aussi de voir le malheur des cités périur- baines, gangrenées par les trafics, de comprendre également à quel point elle change, à quel point elle devient une nation multiraciale, multiculturelle, multire- ligieuse. Le déni est puissant. Et l’extrême droite monte tranquillement dans les sondages. L’élection présiden- tielle est dans quatre ans. Et entre-temps, il y a les Jeux olympiques de Paris. Ça va swinguer...
En Israël, un gouvernement d’ultradroite fait sa loi, dans le silence gêné du reste du monde. La nouvelle majorité, menée par l’inoxydable Benjamin Netanyahou, lui-même inculpé depuis la nuit des temps dans un certain nombre de dossiers de corruption, veut mener tambour battant sa révolution identitaire et reli- gieuse. Il faut « éteindre » la Cour suprême, installer la primauté du sacré. Et poursuivre la colonisation, coûte que coûte et au plus vite. En Cisjordanie, la répression s’accentue, la situation est incandescente et les civils, comme à Jénine, payent le prix de la guerre. L’armée déploie tout son arsenal face à de jeunes militants qui n’ont plus rien à perdre. La perspective de deux États sur une même terre n’a jamais été aussi lointaine, aussi inatteignable. Celle d’un seul État, sous régime d’apar- theid, n’a jamais été aussi proche. Le dialogue avec les États arabes dans le cadre des accords d’Abraham est au point mort. Le processus de paix est une fiction...
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Le coup d’État perpétré le 26 juillet 2023 contre le régime civil et de nature démocratique du pré- sident Mohamed Bazoum au Niger est une tragé- die. La date restera. Opération, dit-on, de convenance et d’opportunité menée par le chef de la garde présidentielle, le général Abdourahmane Tiani, elle va entraîner une profonde déstabilisation d’un pays clé pour l’architecture régionale.
Le sujet a fait long feu, certes. Depuis bien longtemps, les aventures vécues dans les consulats français du continent par des amis africains qui veulent venir en France pour des soins, des vacances ou autres, sont légion. Comme celle de ce ministre d’État d’un pays d’Afrique centrale: «On a dit à mon aide de camp parti renouveler mon visa que, dorénavant, tout le monde devait venir s’aligner au soleil en personne, ministre ou pas, pour ce genre de démarche.
Le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial s’est déroulé en juin dernier, à Paris. La plupart des chefs d’État africains étaient là. Et... de nouvelles promesses pour aider le continent à lutter contre le changement climatique et à réduire les inégalités ont été faites.