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Interview

Farah Fakhri
Un dialogue des cultures

Par Astrid Krivian - Publié en décembre 2024
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La collectionneuse ivoiro-libanaise a créé un espace artistique incontournable dans le paysage abidjanais.

Située au plateau, à Abidjan, la Galerie Farah Fakhri met en valeur des artistes contemporains de renom comme des talents émergents, du continent et de la diaspora. Créée en 2022, cette plate-forme nécessaire s’engage dans les échanges culturels, l’accompagnement des artistes, leur reconnaissance sur la scène mondiale.

AM: Quelle est votre ligne artistique?

Farah Fakhri: Nous exposons le travail d’artistes établis (Abdoulaye Konaté, Joana Choumali, etc.) comme émergents (Chada, Keren Lasme, etc.). Ce dialogue crée des échanges intergénérationnels, enrichit l’expérience du public et des collectionneurs. Nous sommes sensibles à l’impact des oeuvres dans un contexte artistique et sociétal, à celles qui ouvrent des perspectives, suscitent des réflexions sur des sujets tels le panafricanisme, l’exil, l’immigration, la spiritualité, la mémoire. Les pratiques et techniques sont diverses, souvent complémentaires peinture, photo, vidéo, installation, sculpture, textile. Et nous construisons des relations sur le long terme avec les artistes que nous représentons.

Quelles sont vos ambitions?

Créer un lieu de rencontres, de réflexions, contribuer à l’influence des artistes du continent et de la diaspora sur la scène internationale. À travers une démarche éducative, nous collaborons avec les Beaux-Arts d’Abidjan, Marseille, Tétouan, en vue de soutenir la formation et l’éducation artistique de jeunes talents. Nous organisons aussi des ateliers de découverte, de création, des symposiums, des événements culturels, des rencontres au sein de la galerie et de la résidence. Nous formons des partenariats avec les institutions d’autres pays, ce qui enrichit nos projets et amplifie leur portée. En réunissant les perspectives, en partageant les ressources, on ouvre des voies d’échanges culturels, de soutiens.

Parlez-nous des résidences.

Joana Choumali, New Growth, série « Albanian », 2024.JIHANE ZORKOT
Joana Choumali, New Growth, série « Albanian », 2024.JIHANE ZORKOT

Constituée d’un comité curatorial, composé de curateurs, collectionneurs et artistes, la résidence est un espace de création et d’opportunités pour les artistes, qui s’immergent dans un nouveau contexte culturel et social, afin d’approfondir leurs recherches ou d’explorer d’autres pratiques. Elle est ouverte aux curateurs et doctorants pour des résidences de recherche, qui se concrétiseront par des symposiums. Nous travaillons aussi avec la Fondation Montresso au Maroc, afin d’organiser ensemble des résidences croisées. En tant qu’ancienne directrice de la communication auprès de la maison Chanel, ma mission consiste à diffuser et faire rayonner le travail des artistes sur notre continent et le monde. Et nous avons également un rôle à jouer dans l’accompagnement d’artistes de la diaspora qui souhaitent (re)découvrir le continent de leurs aïeux et y travailler.

Quels sont les enjeux pour l’art ivoirien?

D’abord, la création d’infrastructures, qui joueront un rôle clé dans la transmission et contribueront à la reconnaissance du travail des artistes. À l’international, l’enjeu est de garantir une présence institutionnelle sur les rendez-vous mondiaux, tels que les biennales. Le soutien public, indispensable, permettrait de mettre en lumière d’autres artistes. galeriefarahfakhri.com