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C'est Comment ?

French visa , y a quoi ?

Par Emmanuelle Pontié - Publié en août 2023
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Le sujet a fait long feu, certes. Depuis bien longtemps, les aventures vécues dans les consulats français du continent par des amis africains qui veulent venir en France pour des soins, des vacances ou autres, sont légion. Comme celle de ce ministre d’État d’un pays d’Afrique centrale: «On a dit à mon aide de camp parti renouveler mon visa que, dorénavant, tout le monde devait venir s’aligner au soleil en personne, ministre ou pas, pour ce genre de démarche. Résultat, je vais désormais en Suisse pour mes soins et mes séjours de repos.»

On peut comprendre le french stress, qui consiste à éviter une immigration de pauvres hères, produisant des faux certificats d’hébergement ou autres, décidés à s’incruster dans l’Hexagone. Mais un peu de discernement ne nuit pas, non? Le sujet, encore une fois éculé, a rebondi tout seul le mois dernier lors- qu’un écrivain d’Afrique de l’Ouest, Venance Konan, connu et reconnu à l’international, occupant un poste de premier plan dans son pays, s’est vu refuser un visa pour Paris, au motif de... «manque de fiabilité». L’histoire a fait le tour de la Toile. Et il est probable que la fonctionnaire expatriée qui a signé le refus soit aujourd’hui un peu gênée, au minimum. Une telle méconnaissance du pays où elle réside, de ses intellectuels, ses stars et ses élites, c’est pas bien glorieux! En quoi ce genre de ressortissant et sa demande de court séjour sont-elles une menace pour la République française, où, d’ailleurs, ses ouvrages sont édités? N’est-ce pas présomp- tueux de penser que tout le monde veut s’installer chez les Blancs? Ben non, c’est fini, ça.

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Il y a beaucoup d’Africains qui ont réussi, sont très bien chez eux et ne rêvent nullement de bérets et de baguettes de pain. Et ce genre de boulette est loin d’être isolée. On raconte que des circulaires «circulent» dans les consulats français, demandant de durcir, voire de contourner la loi sur les demandes de visa. On demande plus de pièces à chaque fois, on ne répond plus dans les temps, presque exprès, à quelqu’un qui a des rendez-vous médicaux ou doit assister à des conseils d’administration à dates fixes, etc.

Bref, de l’avis de tous les Africains «aisés», il est plus facile aujourd’hui d’aller dans n’importe quel pays européen ou aux États-Unis plutôt qu’au «pays des droits de l’homme». Y compris pour une immigration dite positive, enrichissante, intellectuelle. Et au-delà de cette réalité, c’est l’image entière de la France qui est mise à mal. Cela participe aussi, bien entendu, à la montée du rejet de l’Hexagone dans les pays subsahariens. Une relation historique qui se rompt peu à peu. Et pas forcément au profit de la France. Loin s’en faut.