Henry Dele Alake
«Nous voulons garantir la sécurité des investisseurs»
Ministre du Développement des minéraux solides
Résolu à doper son secteur en vue de la diversification de l’économie, il entend transformer et repositionner l’industrie minière du pays au regard des facteurs humains et financiers.
AM: Depuis votre arrivée au ministère du Développement des minéraux solides, vous avez introduit des réformes pour dynamiser le secteur. En quoi consistent-elles?
Henry Dele Alake: Résumées dans notre programme en sept axes, elles ont été élaborées globalement, en réponse aux lacunes soulevées lors de la présentation des rapports d’avancement, qui concernaient les politiques, les projets des départements, des agences et des unités du ministère. Par exemple, la création de la nouvelle Nigerian Solid Minerals Corporation vise à exploiter les actifs de la défunte société, à promouvoir la valeur ajoutée et les bénéficiaires, et à renforcer la présence du Nigeria dans le secteur minier international. Il s’agira d’une coentreprise public-privé, qui s’appuiera sur la culture technologique et managériale des continents qui dominent l’espace minier aujourd’hui. Cette réponse institutionnelle à l’exploitation artisanale a des effets considérables, car elle transformera la structure actuelle du marché en matière d’accès au capital. La deuxième réforme porte sur la production de données massives, les Big Data, en ciblant des recherches à l’échelle nationale sur la présence de minerais dans les domaines des ressources et des réserves. Cette dernière est essentielle pour sécuriser les investissements et accroître l’extraction fondée sur les données. Les pratiques actuelles pour accéder à l’activité pèsent trop lourdement sur l’investisseur. Ce programme réduit cette charge, et lui permet d’utiliser plus intelligemment son argent. Troisièmement, nous combattons l’exploitation minière illégale, en mettant en place une architecture de sécurité complète et technologiquement avancée, soutenue par la police des mines. Les travailleurs illégaux n’ont pas de permis d’exploitation, et ils procèdent également à des extractions dans des zones où elles sont interdites par la loi, comme les parcs nationaux. En quatrième lieu, nous privilégions la création de valeur ajoutée et la transformation, afin de décourager l’exportation de minéraux bruts et d’inverser l’échange inégal qui caractérise le système actuel de transactions. Nous pensons que l’industrialisation est un élément majeur de la chaîne de valeurs. Le cinquième axe, pour donner un dernier exemple, consiste en la mise en place d’un meilleur arrangement en faveur des communautés dans les zones minières. Nous avons récemment adopté de nouvelles lignes directrices pour les accords de développement communautaire qui doivent être respectés par les entreprises, lorsqu’elles obtiennent une autorisation.
De quelles mesures incitatives les investisseurs ont-ils besoin pour revenir dans le secteur minier?
Tout d’abord, l’accès aux données. Ensuite, un processus transparent et rapide d’octroi des permis. Et, enfin, la sûreté dans les mines.
Quel est le potentiel minier actuel du pays?
La collecte de données pour établir les ressources et les réserves est en cours, et les estimations peuvent varier en fonction des minerais. Mais nous travaillons sur une estimation prudente, qui s’élève à plus de 700 milliards de dollars.
Quelle collaboration avez-vous mise en place avec les autorités locales pour faciliter l’implantation des entreprises au Nigeria?
Notre pays est doté d’un système de gouvernement fédéral à trois niveaux. Les autorités locales sont des pôles de développement disposés à attirer des entreprises qui peuvent fournir des emplois aux citoyens et payer des impôts. Il est donc dans leur intérêt d’attirer les sociétés et de créer des conditions propices à leur développement. Pour faire des affaires au Nigeria, il faut s’enregistrer auprès de la Commission des affaires corporatives, une agence fédérale.
Comment comptez-vous lutter contre le fléau de l’exploitation illégale des forêts?
Il s’agit de l’une des lacunes que nous comblons progressivement. Les renseignements que nous avons recueillis révèlent des opérations criminelles gigantesques de marchands étrangers et de leurs collaborateurs locaux, qui extraient des minerais dans des zones interdites par la loi et dans des lieux dépourvus de toute autorité. De l’étape du renseignement, nous passerons à celle des poursuites, et je peux vous assurer qu’aucune personne condamnée par le tribunal, qu’elle soit autochtone ou étrangère, n’échappera à la sanction. En ce qui concerne l’or et les gisements au nord, dans des zones qui sont parfois volatiles, quelles solutions envisagez-vous? La ceinture aurifère est une formation continue qui s’étend du sud-ouest au nord-ouest. Pas seulement au nord. Et je vous confirme nos efforts pour lutter contre l’insécurité dans ces zones afin de garantir la sécurité des investisseurs.
Vous avez organisé la première édition de la Mining Week à Abuja, fin octobre. Quelles en ont été, selon vous, les retombées? Y aura-t-il une suite à cet événement?
La Mining Week est un événement annuel destiné à attirer l’attention de la communauté minière mondiale sur les progrès que nous réalisons et les opportunités qui se présentent dans l’industrie nigériane. Il s’agit également d’un forum permettant de comparer les expériences africaines et mondiales, en matière de technologie, de marketing et de mobilisation de capitaux, pour financer l’exploitation. À ce titre, nous continuerons notre partenariat avec les organisateurs pour promouvoir les prochaines éditions. La plupart des participants ont atteint leurs objectifs. Il ne faut pas oublier que de nouvelles entreprises ont annoncé leur volonté d’investir dans l’exploitation minière, en particulier dans le secteur du lithium. Les réactions ont été très positives.