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Les sapeurs-pompiers du Groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux (GRIMP) appartenant à la deuxième compagnie d’incendie et de secours. Ici, devant leur caserne en Zone 4. Ils sont sur le front pour tout sauvetage d’urgence. NABIL ZORKOT
Les sapeurs-pompiers du Groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux (GRIMP) appartenant à la deuxième compagnie d’incendie et de secours.Ici, devant leur caserne en Zone 4.Ils sont sur le front pour tout sauvetage d’urgence.NABIL ZORKOT
Découverte / Côte d’Ivoire

Inondations :
un combat difficile

Par Philippe Di Nacera - Publié en juillet 2024
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Confrontée chaque année à des pluies de plus en plus abondantes, la Côte d’Ivoire réplique avec des investissements importants dans les infrastructures d’assainissement. Est-ce suffisant face à la montée en puissance des averses saisonnières ?

La saison des pluies est de plus en plus redoutée en Côte d’Ivoire. «On dirait que chaque année, c’est encore pire», se plaint Sylvie, commerçante au marché de la Palmeraie, l’un des quartiers les plus touchés par les inondations. De fait, lors de son discours sur l’état de la nation, le 18 juin dernier, le président Alassane Ouattara confirmait: «Les pluies sont quatre fois supérieures à la moyenne. Il y a des vies humaines emportées, des blessés, des dégâts matériels. C’est l’impact du changement climatique. Cela a des conséquences sur notre vie et le développement du pays.» Et le chef de l’État d’annoncer le lancement d’un programme avec le Fonds monétaire international (FMI) pour anticiper et limiter les dégâts, la poursuite de l’assainissement du pays et l’éloignement des populations des zones à risque. C’est David contre Goliath. Car les travaux d’assainissement engagés depuis plusieurs années par le ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofana, sont colossaux. Et coûteux. Mais il en faudrait toujours plus. Il ne ménage pas non plus, chaque année à l’approche de la saison des pluies, ses efforts sur le terrain pour sensibiliser, quelquefois tancer, les Ivoiriens, les exhortant à quitter les zones à risque, à ne pas jeter les détritus dans les caniveaux d’évacuation et à prendre soin de leur cadre de vie immédiat. Mais ceux qui vivent dans ces zones à risque ne savent souvent pas où aller. Alors, chaque année, les autorités procèdent à des déguerpissements pour sauver des vies.

Constatant qu’Abidjan est de plus en plus vulnérable aux inondations, à l’érosion côtière et aux risques de glissements de terrain, le gouvernement a élaboré en 2018, avec le soutien des partenaires au développement, comme la Banque mondiale, un projet de «Résilience urbaine à Abidjan». Il s’agit d’investissements visant à réduire les risques d’inondation et à améliorer les systèmes de drainage et la gestion des déchets. Grâce à ce projet, 220000 bâtiments ont été numérisés, une cartographie urbaine d’Abidjan a été entreprise, et un Atlas des quartiers d’Abidjan a été produit.

Investir pour assainir

C’est ainsi que d’importants investissements ont été faits dans le domaine de l’assainissement et du drainage, en particulier à Abidjan, à l’image de travaux de construction d’ouvrages de drainage des eaux pluviales à Abobo (l’une des grandes communes d’Abidjan) pour un coût de 155 milliards de FCFA. Dès 2021, 32 kilomètres de canalisations, représentant un investissement de 55 milliards de FCFA, ont été réalisés à Cocody et à Yopougon (deux autres grandes communes d’Abidjan).

Avec un coût estimé à 245 milliards de FCFA, le projet de gestion intégrée du bassin-versant du Gourou concernera les communes d’Adjamé, Abobo, Cocody et celle du Plateau: construction d’ouvrages de drainage, réalisation ou réhabilitation de sept barrages écrêteurs de crue. Il faut aussi citer le projet d’assainissement et d’amélioration du cadre de vie d’Abidjan, d’un coût de plus de 40 milliards de FCFA, qui doit contribuer au développement des services d’assainissement «durables et innovants» dans le district autonome d’Abidjan. Il s’agit de renforcer le réseau d’évacuation des eaux usées dans six sous-quartiers, de réhabiliter les réseaux d’assainissement existants et d’assurer l’entretien du collecteur. Ce projet, qui prolonge les travaux du bassin-versant du Gourou, verra aussi la réalisation de 16,15 kilomètres de canaux de drainage des eaux pluviales.

Enfin, le programme d’amélioration durable de la situation d’assainissement et du drainage de la capitale économique, d’un coût de 55 milliards de FCFA, couvre les zones de Cocody, Yopougon, Abobo, Adjamé, Anyama, Koumassi, Marcory, Treichville. Il doit permettre, à terme, de maîtriser les eaux usées d’au moins 10000 ménages.

Ces «grands travaux», dont l’objectif consiste à améliorer la sécurité, à évacuer les eaux pluviales, et surtout à réduire les inondations dans la Perle des lagunes, montrent la détermination des pouvoirs publics. Bien que le changement climatique, couplé aux habitudes ancestrales de constructions anarchiques, ne joue pas en leur faveur.