Jean Kobenan Djohou
« Disposer d’un écosystème entrepreneurial diversifié »
Ce consultant en management et stratégie d'entreprise explique son parcours professionnel, et souligne l’importance de renforcer les ressources humaines.
AM : Pouvez-vous retracer les grandes étapes de votre parcours professionnel ?
Jean Kobenan Djohou : Ma carrière professionnelle a débuté au cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) en 2001. Après trois ans, je suis entré dans le secteur bancaire au poste d’assistant du contrôleur de gestion, puis contrôleur de gestion et fondé de pouvoir à la Société générale, à Abidjan. Je suis ensuite parti à la Compagnie bancaire de l’Atlantique Côte d’Ivoire (COBACI) en tant que chef du département contrôle de gestion, jusqu’à la fusion de cette institution bancaire avec une autre. J’ai participé à toutes les étapes de cette fusion pour ensuite occuper le même poste dans le nouvel établissement, la Banque atlantique Côte d’Ivoire (BACI). Quelques années plus tard, j’ai été muté pour devenir le chef du département analyses et rapprochements bancaires à la BACI.
Qu’est-ce qui a motivé votre engagement dans l’entrepreneuriat ?
Quand j’étais étudiant en sciences de gestion, j’ai milité au sein de l’AIESEC, dont le sigle signifie Association internationale des étudiants en sciences économiques et commerciales. Cela m’a procuré la connaissance des bases de l’entrepreneuriat. Au sein de cette organisation, j’ai un long moment été responsable des projets et des programmes,en contact permanent avec des entreprises, des institutions publiques et des organisations internationales. Mon travail consistait à démarcher les sociétés pour soutenir et financer les activités de notre association. Cela a été le déclic de mon désir d’entreprendre. Et ce qui m’a conduit, déjà étudiant, à mener mes propres activités pour obtenir une autonomie financière.
Lorsque je suis entré dans la vie professionnelle, je n’ai pas arrêté de gérer mes propres affaires. Ma première entreprise opérait dans le secteur des transports, où je suis arrivé à diriger une flotte qui a progressivement atteint 10 taxis-compteurs à Abidjan. Mais à la suite de la crise post-électorale de 2010, je me suis désengagé de ce créneau pour me concentrer sur ma supérette, ce qui m’a permis de me familiariser avec le monde de la grande distribution en Côte d’Ivoire.Cela m’a conduit ensuite dans le domaine de la pêche, en tant qu’employé dans une entreprise de vente de poissons congelés dans la zone portuaire d’Abidjan, qui avait un dépôt au grand marché d’Adjamé. En menant toutes ces activités, j’étais conscient de devenir un entrepreneur à plein temps, afin, un jour,d’être autonome. Alors, en 2012, j’ai créé la Société de service de conseils et opérations (SSCO) dans le domaine du consulting, de la formation et du renforcement des capacités.Chemin faisant, j’ai créé une autre société dans le secteur de la communication, de la production et de l’imprimerie. Entre-temps, j’ai travaillé en tant que chef du département audit et contrôle de gestion dans le secteur de la réassurance au sein de la compagnie panafricaine Aveni-Ré quatre années durant, de 2013 à 2016. Avant d’arrêter, pour me consacrer définitivement à mon cabinet SSCO.
Fort de ces expériences, comment définiriez-vous l’écosystème entrepreneurial en Côte d’Ivoire ?
Il est important d’avoir un environnement entrepreneurial riche et diversifié. Et j’apprécie à leur juste valeur les initiatives prises par les jeunes qui veulent monter leur propre business. Ce qui exige de la personne non seulement qu’elle soit bien structurée mais aussi qu’elle évolue dans un secteur d’activité créateur d’opportunité d’affaires.
La première difficulté que les jeunes entrepreneurs rencontrent concerne la transparence, l’acquisition des marchés ainsi que la possibilité de développer leurs produits et leurs services. Ce qui n’est pas aisé à cause de la concurrence.
La deuxième difficulté, et l’une des majeures, est le financement : soit le jeune entrepreneur a des moyens limités (ou pas du tout) au démarrage de sa société,soit il manque de ressources financières en phase de déploiement ou de développement. Bref, la contrainte financière est constante. Mais, aujourd’hui, le patron d’une PME peut arriver à convaincre les financiers s’il intervient dans un secteur à forte rentabilité.Dans mon cabinet, je constate que l’une des difficultés récurrentes, la troisième, est la qualité et la compétence des ressources humaines dans le pays. Il est parfois difficile d’avoir de bons collaborateurs au niveau de la planification des activités,de la comptabilité et des finances, du commercial, du marketing, de la communication, etc.
En tant que consultant, qu’apportez-vous comme innovations sur le marché pour soutenir les nombreuses PME qui ont besoin d’appui technique et financier ?
Notre approche d’accompagnement est focalisée sur l’accroissement des capacités humaines en entreprise.Il s’agit d’aider les individus à assumer pleinement leurs fonctions en vue d’une adéquation parfaite entre les besoins de la société et leurs capacités. Et lorsque le quotidien salarial n’est plus en mesure d’offrir de l’épanouissement à la personne, nous proposons des outils capables de générer une nouvelle activité à son propre compte. Ce sont les deux dimensions qui soutiennent toutes nos interventions :avoir des collaborateurs compétents et des personnes prêtes à se propulser dans la vie entrepreneuriale. Aujourd’hui, l’économie ivoirienne regorge d’opportunités d’affaires que les uns et les autres devraient pouvoir capitaliser. Nous offrons ainsi des outils et instruments, tout en encourageant les jeunes à investir. Ce qui explique l’accompagnement stratégique et le renforcement de capacités aux jeunes entrepreneurs. Nous avons initié le programme « Executive certificate en management des achats », en partenariat avec Altaris France, depuis 2017. L’occasion a été ainsi offerte aux spécialistes des achats en Côte d’Ivoire,les cadres moyens et supérieurs, de s’outiller davantage en intégrant les exigences et les normes internationales en matière d’achats stratégiques.Trois promotions ont déjà été formées à ce programme, même si nous avons subi un ralentissement à cause du Covid-19. Mais nous comptons le relancer dès l’année prochaine.Entre-temps, nous venons de démarrer les activités du Centre international de compétences et de spécialisations (CICS), qui ouvre ses portes cette année, et qui offrira des formations diplômantes et en continu à Abidjan.