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LES AVRILS
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Entrevue

Karim Miské :
«Le mal est une vraie question humaine»

Par CATHERINE FAYE - Publié en décembre 2024
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Dans son dernier polar, l’auteur et réalisateur franco-mauritanien imagine une dystopie brutale, une France en conflit avec elle-même. L’occasion de s’interroger sur notre nature profonde, nos justifications et nos décisions.

Paris, manifestation du 1er mai 2022, jour de la fête du Travail. Une semaine après l’élection présidentielle, des affrontements avec la police éclatent dans le cortège de tête.EDOUARD MONFRAIS / HANS LUCAS
Paris, manifestation du 1er mai 2022, jour de la fête du Travail. Une semaine après l’élection présidentielle, des affrontements avec la police éclatent dans le cortège de tête. EDOUARD MONFRAIS / HANS LUCAS

Après le succès d’​​​​​​​Arab Jazz, GrandPrix de littérature policière en 2012, traduit dans le monde entier, La Situation explore les dérives politiques contemporaines, en plongeant dans la noirceur d’une guerre civile. Dystopie redoutable, le second roman de l’écrivain et réalisateur franco-mauritanien Karim Miské réactive les questionnements les plus inquiétants de notre époque : les rouages politiques, la violence, l’altérité, l’identité, les ultimes zones d’humanité.

Nous sommes en 2030. Des affrontements entre coalition de gauche et milices d’extrême droite mettent à sac Paris et sa banlieue. Commence alors une traversée des réalités les plus ardues. Un récit, entre polar et anticipation, où l’auteur d’une vingtaine de films documentaires sur des sujets aussi divers que la bioéthique, les néofondamentalismes juifs, chrétiens et musulmans, en passant par la surdité, met en scène des personnages attachants dans un environnement complexe. Une réflexion, une alerte? Sur ce qui pourrait advenir. Rencontre.

AM: Comment vous est venue l’idée de ce roman?

​​​​​​​Karim Miské: Elle est née au moment de l’élection présidentielle française de 2022. Tout le monde disait que le pays était coupé en trois, et l’on entendait parler du risque d’une guerre civile. Ce type de discours est souvent agité par des personnes, dont des journalistes, qui ont des difficultés avec l’évolution de la France actuelle. Comme le fait qu’elle ait changé de couleur au fil des décennies, notamment avec tous ceux dont les parents ou les grands-parents viennent des anciennes colonies : une question un peu existentielle pour l’identité mouvante d’un pays. Je me suis dit qu’ils ne savaient pas trop de quoi ils parlaient. Évoquer une guerre civile, ce n’est pas une idée avec laquelle il faut jouer. J’ai eu l’occasion d’aller dans des pays qui en avaient connu, que ce soit en Afrique ou au Proche-Orient, et, lors de la réalisation de documentaires, des gens m’ont raconté comment ça se passait réellement. Alors, au-delà des questions politiques ou idéologiques, j’ai voulu réfléchir aux conséquences et aux faits. C’est-à-dire, concrètement: si, tout à coup, une ville comme Paris ou une région comme l’Île-de-France se retrouvait en butte à un conflit, alors comment survivre? Comment s’y prendre passer un barrage, répondre à des questions éthiques ou morales, sauver la vie de quelqu’un et se mettre en danger, ou pas? Ces questions me paraissent essentielles.

Que répondriez-vous à la question de Françoise Héritier, que vous citez en exergue: «Et vous, qu’est-ce qui vous manquerait le plus si tout cela devait disparaître à jamais de votre vie?»

J’ai découvert cette citation lors d’un événement organisé par l’organisme où je dispense des ateliers d’écriture. On avait demandé aux écrivains de se soumettre à une consigne d’écriture en l’occurrence, la question posée par cette anthropologue spécialiste de l’Afrique. Nous étions au printemps 2022, donc juste avant les élections, et j’ai commencé à jouer avec cette idée de guerre civile évoquée précédemment. J’ai imaginé deux personnes qui avançaient vers un barrage de miliciens dans le XIe arrondissement, ne sachant pas s’ils allaient survivre ou non. L’un posait cette question à l’autre, en lui disant qu’il avait lu ça dans un vieux bouquin du XXe siècle. J’ai puisé dans quelque chose qui venait de mon propre passé. Et il lui a répondu que ce seraient des tartines beurrées et un chocolat chaud, au comptoir d’un café à Maubert-Mutualité. Au-delà de cet exemple très précis, je pense que ce sont les sensations qui me manqueraient le plus. Les sensations de ce qui n’existerait plus et de ce que l’on ne pourrait plus faire, parce que tous ceux que l’on connaissait auraient disparu, ou parce qu’elles seraient devenues inaccessibles. Je pense que nous sommes tous constitués de cela. De sensations qui viennent de l’enfance ou de l’adolescence. Les premières que nous ayons expérimentées. Pour moi, c’est l’odeur de la pluie sur le bitume. Ou ce que j’aimais manger ou boire. Ce sont ces choses-là qui font de nous ce que nous sommes, et que l’on trimbale toute notre vie durant.

Belleville, Paris, l’Île-de-France… Ce territoire géographique et mental où se situe votre récit interroge l’espace et les frontières. Pourquoi ce choix?

Parce ce que ce sont des lieux familiers. C’est d’ailleurs un conseil que je donne lors de mes ateliers d’écriture: écrire sur ce dont on est coutumier. Il est plus facile d’être juste sur ce que l’on connaît et ce que l’on peut convoquer assez facilement. Par ailleurs, Paris est une capitale, avec ses contradictions, et c’est là, lors d’un conflit, que l’on essaie de prendre le pouvoir. En l’occupant. Sans compter que c’est une métropole mondialisée  et il n’y en a pas une infinité. Cela permet donc de raconter le monde à travers un espace relativement restreint, maîtrisable. Enfin, ce qui m’intéresse également, c’est que Paris, c’est aussi l’Afrique. Cet espace parisien-francilien permet de faire vivre toute une mémoire dont est porteuse une partie de mes personnages. À travers des éléments de l’Histoire, qui ont uni ou relié la France et l’Afrique, pour le meilleur comme le pire. Mais aussi à travers des récits intimes, en écho à cette grande histoire. Parce que s’il y réside autant d’Africains du nord et du sud du Sahara, c’est qu’il s’agit bien de l’histoire coloniale française, qui s’est poursuivie par-delà ce qu’on appelle la «Françafrique», après la décolonisation.

Qu’est-ce qui vous inspire vos personnages, et que nous révèlent-ils de l’être humain?

Je n’établis pas d’archétypes comme on le fait pour des scénarios de séries télévisées. Mes personnages se dessinent au fil de l’écriture, et finissent par trouver leur chemin et leur voix en fonction de situations auxquelles ils sont confrontés et de la manière dont ils réagissent les uns en fonction des autres. Bien sûr, chacun porte en lui des éléments de la condition humaine. Ce qui m’intéresse à travers une histoire comme celle-là, c’est de voir comment il ou elle va réagir, concrètement, par rapport à des questions fondamentales de vie ou de mort: «Si je ne risque pas ma vie pour sauver quelqu’un, pourrais-je continuer à me regarder dans le miroir? Comment vivre avec cette faute?»; «Si on me donne une arme, puis-je commettre les pires exactions tout en pensant que c’est justifié par de grandes idées ou par la nécessité du moment?» Ces situations très paroxystiques sont d’ailleurs un procédé intéressant dans l’écriture, parce qu’en mettant les gens dans les conditions les plus difficiles, cela va forcément agir comme révélateur. Et amener le lecteur à se poser des questions sur lui-même.

La question du bien et du mal est au coeur de l’intrigue…

Chaque société est confrontée à cette interrogation et y répond de manière totalement différente, même si globalement, toutes s’accordent à dire que tuer est un crime. Pourtant, selon la personne qui aura été tuée, l’opinion tergiverse. C’est la question de l’autre. Il y a plein de raisons qui permettent de se justifier de commettre des exactions. La non-appartenance à son peuple, à son idéologie, à son genre, la légitime défense… Quelle est la frontière? Qui décide? La question du mal est une question fondamentalement humaine. Car, en réalité, tout le monde sait intimement s’il fait quelque chose de mal ou non. C’est ensuite la capacité à se fixer une limite interne, cette fonction principale du surmoi en psychanalyse. Ce type de sujet m’intéresse, c’est pour cela que j’aime aussi le genre du polar, où l’on est concrètement dans ces questions- là, avec des personnages un peu abîmés par la vie, qui ont commis des choses mauvaises, mais qui pour autant n’ont pas abandonné tout sens moral des personnages de tragédies grecques ou shakespeariennes, en quelque sorte.

À quel moment avez-vous commencé à vous interroger sur le monde qui vous entoure?

C’est venu assez tôt. Mon père était mauritanien, ma mère française. Ils se sont séparés assez vite. J’ai donc grandi essentiellement dans la famille française blanche de ma mère, à Paris, dans les années 1960-1970, à une époque où il n’y avait pas autant de métissage qu’aujourd’hui. J’avais donc un sentiment de décalage à l’intérieur de ma famille française, comme à l’école ou dans la société qui m’entourait, et qui naturellement me faisait me poser des questions, sans que je le formalise tout de suite. Et puis, mes deux parents étaient internationalistes, tiers-mondistes et très militants. Ma mère était marxiste, féministe, léniniste. C’était assez particulier, parce qu’à la maison, nous parlions tout le temps de politique avec des gens qui passaient, qui venaient pas mal d’Afrique et du monde arabe. Très tôt, j’ai commencé à lire des romans policiers, et je pense que ça m’a fait du bien. Dans le sens où je vivais avec l’idée d’une sorte de messianisme révolutionnaire. Le sentiment qu’on irait un jour vers un monde meilleur, par des moyens politiques. En lisant les polars, je me disais quand même que ce n’était pas gagné d’avance, parce que les personnes étaient mues par des désirs, des instincts de possession, qu’il y avait le vol, le viol, le meurtre, l’adultère, que tout le monde avait des choses à cacher. Je sentais bien qu’il n’y aurait pas une solution toute prête pour régler les problèmes. Alors, à partir de ce moment-là, j’ai commencé à essayer de comprendre comment une même personne pouvait faire le bien et le mal. Comment les grands phénomènes collectifs se mettaient en place. J’ai lu très jeune 1984, de George Orwell, et je me suis intéressé au crime, aux préjudices et à l’injustice. Que fait-on avec cela ? On ne peut pas juste les éradiquer. Il faut être capable de les regarder en face. Et aussi de regarder en soi.

Dans vos différents travaux, les questions de la religion et de la domination vous interrogent. Quel regard portez-vous sur le poids des croyances et de toutes les formes de pouvoir?

Pourquoi est-on là? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? Pourquoi l’univers existe-t-il? L’humanité se pose ces questions depuis la nuit des temps. La nécessité de comprendre et de croire est profondément humaine. On espère que la religion nous donnera des réponses. Et c’est normal, car nous avons besoin d’une sorte d’idée de la transcendance qui nous dépasse. Le problème, c’est lorsqu’on prend les préceptes religieux de manière littérale. Blaise Pascal, qui offre une analyse profonde de la condition humaine, a écrit lui-même: «Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.» Alors, en devenant janséniste  courant le plus «intégriste» de la religion chrétienne à son époque , il a trouvé une réponse pour contenir ses angoisses. Concernant les mythes fondateurs, il y a plusieurs manières de les comprendre, et c’est là que l’on arrive à la question du pouvoir. On peut les considérer de manière symbolique, ce que font souvent les mystiques, c’est à- dire qu’ils ne pensent pas qu’il y ait quelque chose à prendre au pied de la lettre. Qu’ils doivent nous permettre de continuer à penser. Et aussi à ressentir, parce que souvent, c’est exprimé de manière très poétique. Et du moment que c’est poétique, cela ne peut pas être pris de façon stricte. La poésie propose de multiples sens. Chacun l’appréhende à sa manière. Mais, a contrario, cela peut devenir un instrument de pouvoir. En s’emparant du mythe et en imposant une seule interprétation. C’est ce qui a donné l’Inquisition, entre autres, et toutes sortes de mouvements apocalyptiques qui existent encore. L’homme a besoin d’être rassuré, d’amour, de consolation, de beauté, de trouver une manière d’affronter ses peurs. Et c’est là qu’il peut être pris en otage par des individus qui imposent une seule manière de voir les choses pour en tirer un pouvoir sur les autres. D’ailleurs, cela s’est transféré également sur la politique. Au XXe siècle, à partir du moment où le christianisme, notamment, a décliné en Europe, des idéologies se sont substituées à la religion. Comme l’extrême droite, le fascisme…Des systèmes de pouvoir devenus des instruments de domination.

L’élection de Trump marque-t-elle le franchissement d’un nouveau palier?

Ce que cette élection nous dit des Américains qui ont voté pour Trump, c’est qu’ils ont compris que le pouvoir de l’argent était extrêmement fort et que les ressources étaient limitées. Symboliquement, il y a comme un état de guerre entre plusieurs parties de la société, parmi lesquelles l’une dit non: elle veut garder son mode de vie occidental, parce qu’il n’y a pas de raison de changer, qu’elle a grandi là-dedans et qu’elle ne veut pas consommer moins. Trouver un nouvel ordre planétaire, face à la crise écologique surtout, remettrait en cause la vie à laquelle elle est habituée. Du coup, elle peut se solidariser avec des milliardaires, lesquels en principe ne devraient pas être spécialement ses amis, même si elle n’a que des miettes de leurs richesses. La plupart des gens votent pour leurs intérêts. De plus, les politiciens sont des bateleurs, des gens qui savent parler, sans aucun scrupule. Ils vont utiliser n’importe quel argument, et ça marche. Cela nous ramène à la question du bien et du mal: ils utilisent ce qu’il y a de pire chez les gens, au détriment d’autres catégories de la population. Le problème, c’est que l’on sait comment ça s’est passé en Europe il y a près d’un siècle, quand on a fait des choix de ce type, d’abord avec les juifs et les Tziganes, puis avec les personnes souffrant de maladies mentales… À la fin, plus personne n’est protégé, en réalité, parce qu’il y a toujours une nouvelle catégorie à gommer. C’est ce qu’Hannah Arendt explique très bien dans Les Origines du totalitarisme.

Comment décririez-vous votre double appartenance mauritanienne et française?

La Situation (2023), Les Avrils, 256 pages, 22 €.DR
La Situation (2023), Les Avrils, 256 pages, 22 €. DR

Mon père était un exilé politique et, de mon côté, j’ai grandi en France. Je me suis donc constitué comme un adolescent parisien, puis je ne suis allé en Mauritanie que lorsque j’avais quinze ans. À l’époque, il n’y avait pas de mots comme «racisé». Je ne savais pas trop si j’étais «métisse» ou bien «franco-mauritanien», j’étais un peu comme dans des limbes. Je ne voyais pas très souvent mon père et j’avais dans la tête une Mauritanie imaginaire, mystérieuse. Ce n’est qu’en m’y rendant que j’y ai découvert une réalité très déroutante au départ, mais également tellement intéressante et agréable, parce que j’ai senti que j’y étais attendu. Autant, en France, on pouvait questionner d’une certaine manière mon appartenance à une autre culture et c’était toujours étrange, parce que je me sentais mis à l’écart, alors que je n’avais pas envie d’être ramené à une extranéité ; autant en Mauritanie, c’était le contraire. Là-bas, ma part française n’intéressait personne, ce qui était important pour les gens, c’était ma filiation patrilinéaire. L’étrangeté pour moi, c’était donc de voir en miroir deux endroits où l’appartenance fonctionnait de façon différente. D’un côté, il y avait la France avec tout cet héritage colonial dont j’entendais beaucoup parler, et, de l’autre, l’Afrique avec ses contradictions. De plus, comme mon père était de l’ethnie maure, arabo-berbère, je me retrouvais plutôt symboliquement du côté des oppresseurs. Tout cela était donc très troublant.

La Mauritanie de votre enfance a-t-elle beaucoup changé en près d’un demi-siècle?

En effet, le pays s’est beaucoup transformé. J’essaie de m’y rendre autant que possible, même si ce n’est pas souvent, et j’entretiens un lien très fort avec lui. J’y ai des demi-soeurs, un peu plus âgées que moi, dont la mère est mauritanienne. On se parle régulièrement. La famille là-bas, c’est plus qu’une famille, c’est un groupe social, une tribu. Cela crée des attaches et des rapports particuliers. Ce que j’ai pu observer, c’est qu’après l’indépendance, la société mauritanienne est entrée un peu rapidement et radicalement dans la modernité. À l’époque, il y avait environ 70% de nomades dans le pays. Les villes étaient très peu peuplées. Aujourd’hui, Nouakchott compte plus d’un million et demi d’habitants. Elle a été rattrapée par la mondialisation. On y ressent plein d’influences différentes, aussi bien des pays du Golfe que des États-Unis. C’est très intéressant, parce que c’est une culture qui est en transformation permanente. Par ailleurs, les sujets tabous de l’époque n’en sont plus, comme les séquelles de l’esclavage ou les relations entre les Maures et les Peuls. Les mentalités évoluent. Après, comme partout dans le monde, on observe une société inégalitaire, où les questions d’argent sont venues prendre au moins autant de place que la question de la domination ancestrale. Mais ce qui mérite particulièrement l’attention, c’est le mélange culturel de ce pays singulier, comme un entre-deux entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne.

Votre dernier documentaire, en cours de montage, porte sur un tout autre territoire: l’Inde. Qu’y abordez-vous?

Cette mini-série de deux fois 52 minutes, destinée à Arte, raconte l’histoire de l’Inde à travers la famille Nehru-Gandhi, une lignée politique du pays. Après Motilal Nehru, président du Congrès, son fils Jawaharlal, proche du mahatma Gandhi aux côtés de qui il s’est battu pour l’indépendance, lui succède puis devient Premier ministre. Vient ensuite le tour de sa fille, Indira Gandhi dont le nom de famille n’a rien à voir avec le mahatma –, puis le fils aîné de celle-ci, Rajiv Gandhi, victime d’un attentat suicide en 1991. Aujourd’hui, son fils Rahul est chef de l’opposition officielle. Cela permet donc de raconter l’histoire de l’Inde de 1861 à nos jours, au fil de cinq générations d’une même famille. Une excellente trame narrative pour dérouler le récit chronologique d’un pays particulier, en pleine croissance, qui a complètement renoncé au socialisme de l’époque de Nehru. Et où les mythes fondateurs diffèrent autant du monde occidental que du continent africain.

Somme toute, où vous sentez-vous chez vous?

Paris, où j’ai grandi et où je reviens toujours, reste ma ville. À l’est de cette capitale, je me sens chez moi. C’est mon territoire.