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Keziah Jones,
nigerian power
Le roi du blufunk à la renommée internationale revisite son riche corpus dans un enthousiasmant Alive and Kicking.

Il vient d'exposer ses dessins à l’encre dans une galerie parisienne, il va jouer à la prestigieuse Seine Musicale en mai prochain, et publie aujourd’hui un nouvel album... Lequel, fidèle à la personnalité multifacette de Keziah Jones, propose quelques inédits (dont le gospel sentimental et détourné de «Melissa»), des reprises (de Police et Rick James), mais surtout ses hits revisités, comme le fabuleux «Rhythm Is Love». Enregistré dans sa maison de Lagos dans des conditions live, Alive and Kicking entend boucler la boucle avant un prochain disque qu’il annonce plus audacieux.
À 56 ans, Keziah Jones n’a jamais eu le temps de s’ennuyer. Né dans la patrie de Fela Kuti, pilier de toutes ses inspirations qu’il parviendra à rencontrer à la fin des années 1990 pour une mémorable interview, il bénéficie d’une éducation britannique le destinant à marcher dans les pas de son père ingénieur. Dans sa valise pour Londres, le No Agreement de Fela. Pour échapper à sa solitude scolaire, il apprend le piano, puis la guitare, qu’il se retrouve à jouer quelques années plus tard dans le métro parisien. C’est là que le cofondateur du Gotan Project, Philippe Cohen Solal, le remarque et l’introduit au sein de l’industrie du disque. En 1992, son disque tutélaire et bien nommé Blufunk is a Fact! donne le ton d’une carrière internationale. Dans ces réincarnations de pistes de Liquid Sunshine (1999), Black Orpheus (2003) ou encore Captain Rugged (2013), brille sa large palette d’influences, du highlife au folk, de la soul au rock psychédélique, du blues au funk en témoigne l’électrifiant «Million Miles From Home» qui, vingt ans après sa sortie originelle, n’a rien perdu de sa résonance artistico-politique. On l’entendra sans doute lors de sa performance à la Seine Musicale, qui sera appuyée par l’Orchestre national d’Île-de-France dirigé par Rémi Durupt, et dont les arrangements feront d’autant plus retentir l’alchimie possible entre l’organique des cordes, la flamboyance des cuivres et l’indéniable facilité percussive dont fait preuve l’artiste depuis ses débuts.