
L’art sans complexe
Depuis quelques années, Abidjan s’affirme comme un haut lieu de création artistique et de rayonnement culturel. Aya de Yopougon, saga culte signée Marguerite Abouet et adaptée au cinéma, a ouvert une fenêtre sur la vie quotidienne ivoirienne et son argot, le nouchi. Le mot «go», désignant une jeune femme ou une petite amie, a fait son entrée, entre autres, dans l’édition 2023 du dictionnaire Le Petit Robert. Côté art, on ne compte plus les espaces qui ouvrent. La galerie Cécile Fakhoury, la Fondation Donwahi, les galeries Farah Fakhri et LouiSimone Guirandou, ou des musées, comme le MuCAT à Abobo, accueillent des expositions ambitieuses. Aboudia, peintre et star mondiale des enchères en 2021, incarne cette visibilité nouvelle de l’art du continent, avec un nombre de ventes record. D’autres figures contribuent activement à l’influence culturelle ivoirienne. Serge Bilé fait dialoguer mémoire et fierté à travers ses comédies musicales. Lafalaise Dion érige le cauri en manifeste visuel pour Beyoncé ou Viola Davis. FrançoisXavier Gbré raconte l’histoire en creux, à travers les ruines et les murs, jusqu’à la Biennale de Venise. Jean Servais Somian, lui, sculpte le cocotier pour en faire du mobilier design qui voyage loin de Grand-Bassam. Ouattara Watts, auteur de ses fameux tableaux-sculptures, s’est installé à New York. La scène artistique se structure, les talents s’exportent et la culture est aujourd’hui un levier d’influence aussi essentiel que naturel.