L’avenir dès… aujourd’hui
Par
François.BAMBOU -
Publié le 26 novembre 2017 à 14h09
Le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) et le plan d’urgence voulus par le chef de l’État posent les bases de l’ambitieuse « Vision 2035 ».
Un grand soulagement. En ce début du mois d’octobre, la population de Douala, capitale économique construite sur les deux berges du Wouri, respire. Pour mettre fin aux embouteillages lors de la traversée du fleuve, le gouvernement a décidé d’ouvrir le second pont sur le Wouri à la circulation, soit un mois avant la date prévue. Lancé le 14 novembre 2014 par Paul Biya, qui en a posé la première pierre, la construction de cet ouvrage d’art de 752 m de long aura duré trois ans. Le pont routier de 2 x 3 voies a une largeur de 25,5 m, tandis que l’ouvrage ferroviaire, large de 10,10 m, permet à terme de bénéficier de deux voies de chemin de fer, une seule étant déjà posée pour le moment. Cet ouvrage colossal et futuriste, qui transforme le visage de la ville, est à la dimension des entrées est et ouest de Douala, larges voies rapides comprenant des échangeurs et giratoires destinés à éliminer tout conflit dans la circulation pour les véhicules allant vers Yaoundé ou vers les régions de l’ouest et du sud-ouest. Pour Fritz Ntone Ntone, délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala, « ces voies et plusieurs autres qui sont en travaux dans la cité auront pour vertu de fluidifier le trafic vers et à l’intérieur de notre ville. L’autre grand chantier, c’est celui de l’assainissement, un enjeu fondamental pour la viabilisation de cette métropole qui est quasiment au niveau de l’océan.
Depuis le début de l’année 2015, nous avons pour ce cas 105 milliards de francs CFA à investir dans la construction de 44 km linéaires de drains ».
Cette dynamique de modernisation des infrastructures est perceptible à travers tout le pays, avec des affectations budgétaires à la hauteur des ambitions. Rien qu’à Douala, le schéma directeur d’aménagement urbain à l’horizon 2025 est chiffré à 1 500 milliards. Et plusieurs autres villes du pays, y compris des chefs-lieux de département, bénéficient désormais des financements dédiés à la mise à niveau des systèmes de voiries et d’assainissement. Les effets de cet effort de modernisation du cadre de vie en milieu urbain sont déjà visibles à Yaoundé, avec ses rues refaites, éclairées, ses jardins publics… Certes, sur le plan des routes, le pays s’active pour rattraper un important retard, dû à la pénurie d’investissements pendant les années de crise économique. Pour résorber ce déficit en infrastructures et renforcer l’offre d’énergie afin que le Cameroun accède aux fondamentaux nécessaires au statut de pays émergent à l’horizon 2035, le gouvernement a élaboré un Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), devant couvrir la première séquence 2010-2020. À l’évaluation, la mise en oeuvre des grandes articulations de cette stratégie a permis de doter le pays d’un tissu d’infrastructures modernes appelées à être densifiées.
Relever le niveau de vie

Une plaque tournante régionale
Le secteur agricole verra quant à lui se mettre en place un programme spécial de distribution de semences, d’engrais et d’équipements, en fonction des zones écologiques, et de la construction d’abattoirs frigorifiques modernes dans les principales villes du pays. Les routes bénéficient d’une importante dotation dans le PLANUT, car chaque région dispose de deux axes routiers majeurs qui vont désenclaver les bassins de production. Cette ouverture des zones rurales les connecte aux pôles urbains pour faciliter l’écoulement des produits agricoles. Le taux d’électrification des populations des zones rurales s’est aussi amélioré, la construction des barrages hydroélectriques à Lom Pangar, Memve’ele et Mekin ayant facilité le développement florissant de la pêche, l’élevage et le petit commerce. Outre la construction de 100 logements sociaux dans les capitales régionales, et de postes supplémentaires de gendarmerie et de police à Yaoundé et Douala, ce plan prévoit aussi l’installation de moyens d’adduction d’eau dans 30 villes secondaires et le forage de 100 puits par région. Fin 2017, la plupart des ouvrages de ce plan d’urgence seront livrés.
Pour le chef de l’État, l’accomplissement de ces projets malgré le contexte de crise vise à doper les capacités du pays à exporter vers les marchés voisins, et à créer les conditions du développement d’un tissu industriel performant, étape ultime du programme d’émergence. Il s’en est d’ailleurs longuement expliqué, lors de son message de voeux à la nation le 31 décembre dernier : « Malgré le poids des dépenses de sécurité, le gouvernement n’a pas relâché ses efforts pour favoriser la croissance de notre économie », avait alors indiqué le président, citant notamment les grands projets énergétiques déjà aboutis, qui ont vocation à réduire la fracture énergétique et mettre fin aux délestages. Il annonçait d’ailleurs, toujours dans le secteur énergétique, d’autres grands chantiers, comme les centrales de Bini à Warak, Menchum, Song Dong et Nachtigal, qui vont compléter le programme et faire du Cameroun un pays exportateur net d’électricité. Au-delà du secteur vital de l’énergie, Paul Biya a également annoncé : « Un vaste programme de construction ou de réhabilitation de routes est en cours d’exécution à travers tout le pays. […] À plus long terme, nous envisageons la création d’un réseau routier et ferroviaire à vocation inter-régionale pour faciliter l’accès à nos gisements miniers et stimuler nos échanges avec les pays voisins. Le Cameroun se trouve à la jonction des deux grands ensembles économiques d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Pourquoi n’ambitionnerait-il pas de devenir cette plaque tournante à laquelle la géographie le prédispose ? Le développement de notre capacité énergétique et l’extension de notre réseau routier ont pour finalité principale la création des conditions optimales pour l’industrialisation de notre pays. Celle-ci est notre grand défi des prochaines décennies. »
Dans cette optique de l’édification d’une nation émergente dont l’économie est basée sur une agriculture dynamique et une industrie performante orientée vers la transformation de ses produits agraires, le Cameroun a adopté cette année un nouveau plan directeur d’industrialisation baptisé « Cameroun, usine de la nouvelle Afrique industrielle », qui fixe les secteurs prioritaires et indique la méthodologie devant guider la mise en place de ce plan directeur. Comme l’explique Ernest Ngwaboubou, ministre de l’industrie et du développement technologique, ce PDI est appelé à traduire dans la réalité l’ambition de faire du Cameroun un pays émergent en 2035, une boussole de l’action gouvernementale pour assurer de manière rationnelle, l’industrialisation du pays.