L’environnement,
cause commune
Le changement climatique, la rareté de l’eau, la nature du terrain sont de véritables contraintes que le pays est bien décidé à surmonter.
Dominé par un climat très aride, Djibouti compte peu de zones arables. En effet, près de 90% des terres sont classées comme «désert», ce qui induit des températures très élevées et des précipitations irrégulières: on peut aisément dépasser les 40 °C ressentis. Selon l’index ND-GAIN de l’université américaine de Notre Dame, qui calcule la vulnérabilité et la capacité de résilience des pays face au changement climatique, le territoire est considéré comme très vulnérable (117e pays sur 181 en 2019).
Le dérèglement climatique affecte les ressources en eau, les zones côtières et les riches écosystèmes. Il a aussi des conséquences directes sur les conditions de vie des populations, l’agriculture, l’élevage, la santé et le tourisme. D’ici 2050, les températures devraient augmenter de plus de 1°C. Le nombre de sécheresses est en hausse, et le pays est confronté à un stress hydrique difficile à résorber, tant les ressources en eau potable sont faibles. Paradoxalement, ces dernières années, des épisodes d’inondations dramatiques ont été recensés. En novembre 2019, un communiqué du gouvernement et des Nations unies a estimé qu’en une seule journée, l’équivalent de deux années de pluie était tombé.
Dans ce contexte, les autorités publiques font de l’environnement une préoccupation majeure. Dans le cadre de la Troisième communication nationale de la République de Djibouti à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en octobre 2021, le ministère de l’Environnement et du Développement durable a établi un cadre institutionnel et renforcé son engagement visant à suivre les recommandations en matière d’émissions de gaz à effet de serre.
Pour tenter d’atténuer les impacts des phénomènes climatiques, les autorités ont mis en place des mesures innovantes centrées sur l’association d’infrastructures « grises » et «vertes ». L’idée est de compléter des infrastructures classiques «en dur » par des systèmes naturels ou semi-naturels qui vont, en se développant, dégager des effets positifs pour l’environnement. À travers sa stratégie d’infrastructures hybrides, la nation donne l’exemple et souhaite également avoir recours à cette méthode pour restaurer les forêts des mangroves sur son littoral.
LES POUVOIRS PUBLICS EN ACTION
En matière de gestion des ressources en eau, les efforts à fournir sont considérables. Depuis 1992, l’État a atteint le seuil de pénurie extrême en matière de disponibilité, à savoir moins de 500m3 par habitant et par jour. Enjeux majeurs, existentiels, l’eau potable et l’assainissement sont largement adressés dans la stratégie nationale «Vision 2035». L’ambition est d’atteindre, d’ici à douze ans, un accès quasi universel. Soutenues par les bailleurs de fonds, plusieurs opérations sont portées par les pouvoirs publics. C’est notamment le cas du projet de réhabilitation et d’extension du système d’alimentation en eau potable de la capitale, dont le chantier prendra fin début 2025. Malgré sa faible contribution au réchauffement climatique, Djibouti a instauré des politiques de sobriété carbone. Dans le cadre de «Vision 2035», le chef de l’État s’est fixé un objectif ambitieux: couvrir 85% des besoins du pays via des énergies renouvelables. Pour répondre à la densité du développement démographique, qui induit de nouveaux besoins évalués à plus de 1000 mégawatts d’ici 2024 (contre 605 MW en 2019), le pays s’est tourné depuis 2018 vers l’exploration géothermique. Avec l’aide de financements de la Banque mondiale, les premiers forages ont été réalisés. Face à l’importance des coûts et des analyses à réaliser en amont, l’exploitation des ressources géothermiques met du temps à démarrer. Mais le potentiel est immense. Il est évalué à près de 1000 MW. Et la nation a également recours aux énergies éolienne et solaire, mettant ses 3273 heures d’ensoleillement par an à profit. Les projets du parc éolien de Ghoubet, à la capacité de 60 MW, et de la centrale solaire de Grand Bara, en partenariat avec le groupe français Engie, sont en cours de finalisation.
Fin octobre 2022, Djibouti a lancé, avec le soutien de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Observatoire régional de recherche sur l’environnement et le climat, un projet pilote porté par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. L’objectif est d’aider le pays à mieux gérer ses ressources en eau et en nourriture face à la menace du réchauffement climatique. Sa création a été annoncée en 2015, et son inauguration s’est inscrite dans le cadre d’un sommet international nommé «Changement climatique et recherche: Le chemin vers une adaptation et une résilience durable», organisé du 23 au 25 octobre 2022 à Djibouti, sous le haut patronage du président Ismaïl Omar Guelleh, selon lequel l’observatoire permettra de «mettre en place des modèles fiables et opérationnels pour l’adaptation au changement climatique et à la résilience durable». Tout comme en matière d’infrastructures portuaires et de technologies digitales, Djibouti pourrait s’imposer comme le centre régional des travaux et des initiatives sur la question du développement durable.