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La Corrèze et le Zambèze!

Par zlimam
Publié le 4 juin 2012 à 12h56
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Malgré l’importance grandissante de tous les pays plus ou moins grands qui s’intéressent au continent, la France garde une place à part pour nous, Africains, au nord et au sud du Sahara. Parce qu’elle a été une puissance coloniale, qu’elle s’est entremêlée à notre histoire, parce qu’elle reste l’un des rares pays européens à avoir un véritable tropisme africain et méditerranéen. Et parce qu’une grande partie de l’Afrique parle français. Et que ce petit hexagone en déclin plus ou moins relatif reste, malgré tout, l’un des premiers partenaires commerciaux du continent. Je pourrais ajouter à cela des années d’amitiés, de réseaux, de connexions de part et d’autre. Bref, la France nous est toujours importante. Quelques mots, donc, tout d’abord sur François Hollande, le nouveau président. Les témoignages de ceux qui le connaissent permettent de brosser un premier portrait. Ce n’est pas un « mou », un politicien vieille école, type « rad-soc » (radical socialiste), un peu plouc. C’est un homme très politique, qui cherche le consensus par habileté, qui sait où il va, qui n’a pas peur de donner des coups et d’en recevoir. Qui ne manque pas d’énergie combative. Et qui a su s’imposer dans son propre parti (notoirement indiscipliné) avant de s’imposer devant Nicolas Sarkozy (qui n’est pas un loser...).

On ne devient pas président par hasard. François Hollande s’était préparé de longue date. Sauf accident (je pense en particulier aux législatives de la mi-juin), le pays sera bientôt doté d’un nouvel exécutif homogène avec un président relativement sûr de lui (il lui faudra faire son nécessaire apprentissage). Et soutenu par une partie de l’Europe qui souhaite sortir de l’emprise allemande. Tout cela aura un impact sur les relations extérieures du pays. Et sur l’Afrique. Les socialistes d’aujourd’hui ne sont pas tout à fait ceux d’il y a trente ans (à part Laurent Fabius, inoxydable survivor de la politique gauloise...). Et Hollande n’est pas Mitterrand. Il sera moins sensible aux subtilités sulfureuses de la Francafrique. Il sera, tout en étant réaliste, moins perméable, également, au poids des grandes entreprises françaises. Et je pense que, par culture personnelle, par une forme de morale politique, il sera sur la ligne d’une certaine droiture dans ses relations avec le continent.

L’Afrique est une chance pour la France. Une porte ouverte sur le monde, un vecteur de puissance, et une source non négligeable de croissance, de profits et de vitalité économique. Sarkozy n’était pas un « Africain », bien trop fasciné par le monde des puissants, l’Amérique, l’Asie, le sauvetage de la planète... Son bilan africain reste un étrange mélange d’autoritarisme, de condescendance et de laisser-faire. La francophonie est considérée comme un outil de seconde zone, délégué à la gestion de l’OIF. Le dialogue franco-euro-maghrébin est à refonder entièrement. On pourrait parler d’un certain nombre de relations bilatérales durablement endommagées. On doit évoquer l’absence de stratégie moderne de codéveloppement avec les pays amis d’Afrique subsaharienne. Ou la nécessité d’un nouveau pacte migratoire. Sur le plan sécuritaire, la France est en première ligne sur le dossier sahélien, sur la lutte contre Aqmi, sur la dégradation de la situation au Mali, sur le dossier des Grands Lacs...

L’Afrique est une chance pour la France, tout comme l’Afrique a besoin d’une France forte, présente. On compte donc sur François Hollande, le Corrézien, pour accorder au Zambèze du XXIe siècle l’importance qu’il mérite...

Par Zyad Limam