La «Gen Z», née avec
les réseaux sociaux
Les moins de 30 ans, en Afrique et dans le reste du monde, sont accros à Internet. Ce qui stimule leur réactivité, mais a des conséquences sur leurs pratiques politiques comme sur leur psychologie.
LA GÉNÉRATION Z (née après 1995) succède aux générations Y (née entre 1980 et 1995) et X (née entre 1966 et 1980). Ces digital natives étaient adolescents lorsque sont apparus – à partir de Facebook en 2004 – les réseaux sociaux: ils likent et cliquent comme ils respirent. Barack Obama fut l’un des premiers responsables politiques à comprendre la capacité de mobilisation des outils numériques, qui ont porté sa victorieuse campagne de 2008. Et la récente révolte antifiscale au Kenya démontre leur prégnance dans la vie politico-sociale. Près de la moitié des Africains (47%), en particulier les citadins et les jeunes, consultent les réseaux sociaux et Internet, contre seulement un sur cinq (21%) il y a dix ans. La proportion varie de 14% à Madagascar à 74% au Maroc, de 79% au Gabon à 82% à Maurice. Selon les psychologues, leur usage quotidien et l’exposition aux écrans n’est pas sans effet: les moins de trente ans développent une zone de leur cortex préfrontal, afin d’améliorer leur rapidité de décision – au détriment d’une autre partie de ce cortex préfrontal, qui favorise la prise de recul et la résistance aux émotions. D’où le surinvestissement émotionnel pouvant conduire un jeune à passer des heures à se disputer sur Internet avec un parfait inconnu à cause d’un commentaire en ligne. Comportement incompréhensible pour leurs parents et grands-parents, qui se seraient contentés d’ignorer l’importun. La «Gen Z» est parfois déconsidérée par ses aînés. Or, percevoir les plus jeunes que soi comme ingrats et irrespectueux est une constante dans l’histoire de l’humanité. «Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux, l’autorité de rien et de personne, alors c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie.» Ces mots auraient pu être prononcés par un père ou un grand-père issu des générations X ou Y. Cette citation a en réalité plus de deux millénaires, et elle est signée de Platon (Athènes, vers 427-vers 348 avant notre ère).