La paix comme exigence

Le sentiment de normalité et de sécurité est l’une des clés de cette renaissance ivoirienne. Sécurité intérieure, avec la normalisation des déplacements, des transports, du commerce, des trajets familiaux. Et avec le contrôle de la criminalité dans les grandes villes, en particulier à Abidjan, où les chiffres restent cohérents avec la taille de la mégalopole (relativement peu élevé, le nombre d’homicides a diminué ces dernières années, passant de 273 en 2017 à 136 en 2022). Sortir n’est plus une aventure risquée. Mais aussi volonté de se préserver des dangers extérieurs. Cette Côte d’Ivoire largement pacifiée, en paix avec elle-même, peut difficilement faire abstraction de son environnement régional, avec la fragilisation des pays voisins sahéliens et les menaces que font peser les divers groupes terroristes djihadistes. L’attentat perpétré sur les plages de Grand-Bassam, le 13 mars 2016, où furent fauchées les vies de 19 personnes, dont trois militaires ivoiriens, marquera un tournant. L’État s’est engagé dans une modernisation rapide de son appareil de sécurité. Les effectifs des forces de l’ordre (police, gendarmerie) sont en hausse, depuis une loi de programmation ambitieuse en 2021. Davantage de moyens sont alloués à l’exercice de la justice: le pays compte désormais 727 magistrats, contre 422 en 2017. Et depuis 2019, l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme de Jacqueville s’est imposée comme un centre de référence en matière de formation des cadres africains. Les forces armées ivoiriennes (FACI) comptent, elles, désormais environ 22000 hommes et femmes (terre, mer, air, gendarmerie), recrues auxquelles s’ajoutent les 5500 membres des forces spéciales, pierre angulaire du dispositif de défense. Le président Ouattara a annoncé, lors de ses vœux 2025, la rétrocession par la France du camp du 43e bataillon d’infanterie de la marine (BIMA). Il portera le nom du premier chef d’état-major ivoirien, Thomas d’Aquin Ouattara (1916-1990). Une révolution en matière de défense pour un pays qui fut longtemps l’un des points NA d’appui principaux de la France en Afrique.