
Le Caire, Égypte :
S’accrocher à la gloire
Comptant plus de 23 millions d’habitants, Le Caire est (pour le moment) la plus vaste métropole d’Afrique, traversée par le Nil immense, héritière d’une histoire multimillénaire. S’y perdre permet de parcourir le temps, de s’immerger dans un patrimoine inestimable – des pyramides de Gizeh à la mosquée Mohammed Ali, en passant par une médina classée à l’Unesco, tout en saluant le Sphinx immuable. La Mère du monde, en arabe (Oum el Dounia), s’étend inexorablement dans un semi-chaos urbain à la fois séduisant et anxiogène. Le tourisme est le pilier de l’économie égyptienne (13% du PIB). Aussi les grands hôtels, les restaurants péniches côtoient une urbanisation saturée, rongée par la pollution, les embouteillages et des inégalités criantes. Pour desserrer l’étau, l’État a lancé la construction d’une nouvelle capitale surgie du désert: un chantier pharaonique censé incarner la modernité, mais alimenté par une dette colossale (et la corruption qui va avec). L’Égypte est surpeuplée, fragile, dépendante. Celle qui fut le cœur du monde arabe semble se déplacer en périphérie depuis l’émergence des puissances du Golfe. Le Caire, pourtant, s’accroche à sa gloire évanescente. Le Grand Musée égyptien devait être officiellement inauguré, en grande pompe, fin juin. Comme dans un symbole...