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JEUNES

Le défi de l’emploi

Par - Publié en avril 2016
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Après avoir fait l’expérience peu concluante de la multiplication des programmesd’appui à l’insertion, le gouvernement porte ses efforts sur un nouveau plan triennal.

À34 ans, William ne cache pas son désarroi. Malgré une maîtrise d’économie et un master de gestion, il n’a fait que multiplier les petits boulots sans jamais pouvoir se sédentariser. « Beaucoup de PME estiment qu’elles n’ont pas les moyens de payer un jeune ayant mon profil, et se contentent de me confier des tâches ponctuelles, généralement très en deçà de mes compétences. De plus, passé 32 ans, je ne peux plus participer à des concours administratifs pour intégrer la fonction publique. Je suis dans une impasse », explique-t-il, avec un sourire résigné. Ils sont ainsi des milliers de jeunes diplômés qui chaque jour tentent en vain de percer la cloison qui les sépare du monde de l’emploi.

Un casse-tête pour le gouvernement, qui a multiplié ces dernières années les programmes d’insertion. « Ils pourraient connaître une forte expansion si leurs missions étaient mieux ciblées et leurs capacités d’action renforcées », déplore William.

Une analyse que confirme Mounouna Foutsou, le ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique : « Les politiques développées par le gouvernement et les actions menées à ce jour en faveur de la jeunesse restent peu visibles en l’absence d’un mécanisme de coordination et du fait de leur dispersion à travers différents départements ministériels, avec quelquefois des chevauchements. De plus, elles sont peu connues des jeunes, qui en sont pourtant les principaux bénéficiaires. Outre cette dispersion et la faiblesse de la communication, les jeunes eux-mêmes et leurs attentes ne sont pas toujours bien identifiés : qui sont-ils ? Où sont-ils ? Que veulent-ils ? Quel est leur profil ? Quel rôle voulons-nous leur faire jouer ? Ces questions ont besoin d’être mieux cernées pour une meilleure prise en compte. Il y a donc nécessité de mettre en place un dispositif qui rapproche l’offre de la demande et qui permette aux jeunes d’intégrer les circuits d’activités en fonction de leurs besoins et des diverses opportunités offertes. »

INNOVATIONS

Dernière décision prise par Paul Biya pour améliorer cette situation : la mise en place d’un Plan triennal spécial jeunes (PTS-Jeunes) pour l’intensification de l’éducation civique et de l’insertion des jeunes, doté d’un budget de 102 milliards de francs CFA pour la période 2016-2018. Celui-ci est articulé autour de trois innovations majeures, parmi lesquelles la création d’un Observatoire national de la jeunesse, qui aura un rôle d’intermédiation entre la demande des jeunes et l’offre de services, et la constitution d’une base de données nominale actualisée. Il est également prévu de renforcer les capacités opérationnelles des programmes existants, ainsi que de développer les infrastructures et équipements socio-éducatifs. Par ailleurs, les contenus de la formation universitaire sont orientés de plus en plus en faveur de la professionnalisation.